La drague est entrée dans les mœurs sénégalaises. Toutes les catégories d’âge s’en prennent à cœur joie. Dans ce bataillon des « Don Juan », les personnes du troisième âge ne sont pas en reste. Il en est dans cette frange ceux qui n'ont pas encore cessé de courir derrière les filles. Des femmes ne manquent pas de les pointer du doigt. Incursion dans l'univers de ces amoureux de la vieille garde en ce jour de Saint- Valentin.

Anta, une divorcée ne cache pas son penchant pour ces galants du troisième âge : « La trentaine bien sonnée, je n’ai plus le droit d’avoir un amant qui n’arrive pas à régler mes problèmes financiers. J’ai des charges énormes.
Le retraité avec qui je sors l’assume à merveille. Pourquoi alors perdre mon temps à « sortir » avec des jeunes ou adultes qui ne me rapportent pas gros? À mon âge, je ne verse plus dans le sentimentalisme béat » Et notre interlocutrice de mettre en exergue, les actions de son’ gentleman » qui avoisine l’âge de son père : « Il me paie le loyer à 50.000F sans compter les factures d’électricité, d’eau et de téléphone. À cela viennent se greffer la dépense quotidienne et les virées nocturnes. Il débourse sans compter » déclare Anta. Une constante apparaît chez les personnes interrogées : « Les amoureux 3 è âge symbolisent la galanterie et la générosité sans bornes surtout en ce jour de Saint- Valentin dédié aux amoureux». Ces messieurs pris par le démon de midi constituent des œuvres sociales ambulantes.
Générosité
Les femmes qui acceptent de partager leur expérience avec nous évoquent comme mobile réel qui les pousse à aller vers ces vieux cette propension qu'ont ces derniers à régler tout par la poche. L’une d’elles, Fatima se laisse aller : « Celui que j’appelle familièrement « Tons » est né vers 1940. Certainement, il a plus ce qui est mentionné sur son état civil. Quand il monte les escaliers, il suffoque. Je crains même qu’il s’évanouisse un jour en venant me voir » Malgré tout ça, Fatim est déterminée à continuer à vivre son idylle : « Chaque matin, il me remet 5000 F pour mes besoins journaliers.
Cela ne l’ empêche nullement de satisfaire mes autres exigences » A la question de savoir, ce qu’ elle cherche en s’accompagnant de ce sexagénaire, la bonne-dame est formelle : « qui cracherait sur une aubaine pareille ? Personne. Je n’ai aucun projet de mariage avec lui. Le jour où j’en aurai assez, je lui interdirai d’accéder à ma demeure. Je m’active dans le commerce grâce à ses ressources ».
Cette ruée vers le troisième âge n’est pas l’apanage des femmes. Les filles savent aussi sur quel galant du troisième âge s’orienter.
Louise, âgée de 20 ans dévoile un pan de sa vie : « A chaque fois que nous avons un problème de 5000 ou 10.000F, nous nous tournons vers un vieux très riche qui habite dans notre quartier . Ce dernier a des immeubles qu’il loue. Ses enfants sont à l’étranger et lui envoient beaucoup d’argent. Pour être en possession de son avoir, nous nous approchons de lui. Il nous offre des billets de banque moyennant des bises ou des flirts »
Le procès des « vieux- obscurs »
En Afrique, le troisième âge est perçu comme le symbole de la sagesse. Quand de vielles, personnes ont comme passion favorite la drague, cela sonne comme un dysfonctionnement. La gent féminine ne les ménage guère. Une collégienne se laisse aller : « Cela fait plus de deux mois que le père d’une de mes camarades de promotion avec qui je partage la même rue me fait des propositions alléchantes en me déclarant sa flamme ».
Et ajoute-t-elle : « Je l’ai éconduit gentiment. Il ne cesse de me pourchasser sur les artères de la Sicap. Pourtant, sa famille que je connais bien tire le diable par la queue ». Autre personne autre aventure. Lily n’est pas prête d’oublier sa mésaventuree qu’ elle raconte avec amertume : « Mon amant m’avait habitué aux bons coins et à la bonne chair. Je ne manquais jamais d’argent. Avant de me lâcher, il m’a fait contracter des dettes énormes chez les commerçants. J’avais affaire à un véritable traître » Et subitement, la prolixe Lily observe un mutisme.Des souvenirs malheureux s’enchevêtrent dans sa tête, Les mots peinent à sortir de sa bouche. Elle balance laconiquement : « Pa yi ay saï saï la ñu »(Ces vieux sont dangereux). Comme pour se donner bonne conscience, Baye Mass se défend en ces termes : «Les filles et les femmes croient nous leurrer. Elles se trompent lourdement. C’est un jeu de dupes où chacun vise à tirer son épingle du jeu. En ce qui me concerne, je cherche à tirer le maximum de profit dans ce rapport d’intérêt » déclare cet homme de la vielle garde aux cheveux teints en noir. Mame Astou elle, fustige l’attitude de ces galants du troisième âge :"À Niary Tally, nous sommes agressées une fois la nuit tombée par une bande de « vieux – obscurs » qui envahissent les allées à la recherche d’un plaisir perdu surtout quand l’éclairage public fait défaut.
Le paradoxe est que ce régiment de dragueurs est formé en grande majorité de‘ « mourants » qui n’ont plus de répondant. Mme S. qui vit les affres d’un mari vieux et volage adopte un ton moralisateur : « Ces coureurs de jupon qui ont fait leur vie sont tout simplement irresponsables et insouciants. Il y a un temps à tout.Ils devraient être présentement à la mosquée ou dans un autre lieu de culte. Savoir s’arrêter en tout chose au bon moment est une attitude responsable » Les « Sassouman » ( galants) du troisième âge apprécieront...
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