
D'où, à son avis, la naissance d'incompréhensions et de tensions entre les partenaires. Il cite, ainsi, la crise de la dette intérieure pour conforter sa thèse. Pour lui, cela ne devrait pas être ainsi car en temps de crise caractérisée par l'instabilité, l'incertitude et le doute, la paix sociale est pour tout pays, un facteur déterminant d'attractivité. D'après M. Kane, les pays qui s'en sortent le mieux sont ceux qui font preuve de consensus interne et offrent des gages de sécurité à l'investissement. Il est d'avis que les coalitions deviennent un important amortisseur des chocs qui préserve les acquis.
Si la gestion de la crise est l’occasion ratée d’une gestion collective, ce choc a été par contre une préoccupation partagée par les partenaires sociaux. Selon le Directeur exécutif de la Cnes, les relations conflictuelles ont, dans bien des cas, cédé le pas à un esprit de dépassement. En guise d'exemple, il a fait état de l'intégration de la crise dans le long processus des négociations tripartites. Il a parlé aussi du prétexte idéal qu'a été la crise pour amortir des tensions et cacher des défaillances aussi bien au niveau de l'Etat que de certaines entreprises.
Et les enjeux qu'elle présente sont de taille pour le Sénégal. Au point que Mor Talla Kane ait émis des réserves par rapport à la réalisation des programmes de développement économiques. ‘Avec une chute du taux de croissance de 1,5 % en 2009, l'atteinte des Objectifs du millénaire pour le développement (Omd) est hypothéquée. Il y a aussi l'éloignement des scénarii tendanciels du Document de stratégie de réduction de la pauvreté (Dsrp) et la Stratégie de croissance accélérée (Sca) est compromise’, a-t-il averti.
M. Kane de confirmer les prévisions des experts du monde des affaires qui décrètent 2010 comme année critique pour éviter la récession. L'avenir est donc sombre. Dans cette perspective, il a demandé des gages. Et il a émis son souhait de voir l'emploi être placé au coeur du débat.
Au plan sous-régional, Mor Talla Kane a également émis des craintes. Elles sont relatives à la mise en cause des acquis de l'intégration, au gel des initiatives communautaires et au repli sur soi et le protectionnisme. Mais le risque majeur pour lui, ce sont les contre-performances économiques qui vont se nourrir des tensions sociales internes et de l'instabilité née de la crise.
Déjà, les Etats fragiles ont été durement frappés par la crise. Baisse de la croissance du produit intérieur brut (Pib), baisse des prix et des volumes des exportations, difficultés financières et de la balance des paiements, pertes d'emplois et fléchissement de la croissance, baisse de l'aide publique au développement et reflux des investissements directs étrangers, etc. Voilà les maux dont souffrent actuellement ces Etats fragiles.
Au Sénégal, la crise s'est greffée sur une situation déjà difficile. Mais pour M. Kane, il ne faut pas tout mettre sur le dos de la crise. Il a fait remarquer que le taux de croissance moyen des pays au Sud du Sahara est de 5,7% en 2008 contre 2,5% pour le Sénégal. D'où, à son avis, une complexité du phénomène parce qu'il y a un risque d'amalgame dans l'interprétation des effets induits.
Mais dans tous les cas, le constat est là. Les répercussions de la crise sur l'économie sénégalaise sont réelles. Nous pouvons en citer la contraction de la demande externe (exportations, tourisme), la baisse des flux des transferts des immigrés, le ralentissement de l'activité économique, les tensions budgétaires, l'accumulation de la dette intérieure, etc. Et les conséquences qui en découlent sont dramatiques pour l'entreprise. Mor Talla Kane a parlé ainsi de la crise de confiance entre banques et entrepreneurs, de la restriction du crédit aux entreprises et aux ménages, de la mise à l'arrêt des projets d'infrastructures, etc. ‘La demande sociale connaît un pic et des tensions apparaissent sur le front social’, a-t-il relevé.
Et tout est à craindre car la crise n'a pas encore livré tous ses secrets, selon M. Kane.
Toutefois, l'espoir est permis. Le responsable de la Cnes a indiqué la voie à suivre pour s'en sortir ‘Il faut refonder l'économie en tirant les leçons du passé, accélérer l'intégration économique régionale, raffermir la position du secteur privé dans les politiques de développement et assurer une gouvernance économique plus vertueuse’, a-t-il dit.
Pour lui, c'est le prix à payer pour faire face à la crise.
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