
Cette proposition, comme l'indique d'ailleurs son intitulé, interdit à toutes les personnes détentrices d'un mandat électif national de le coupler avec un mandat de maire. Elle n'attend que la mise en place de la nouvelle Assemblée pour devenir loi de la République. Et manifestement, elle vise, entre autres personnes, Pape Diop qui est, par ailleurs, maire de Dakar. Mais, du fait de sa position de président du Sénat et, par conséquent, successeur du président de la République dans le cas d'une vacance du pouvoir, cette proposition a été comme conçue exprès pour le rendre non-partant dans une course à la succession. Parce que, dans l'acte deux, il s'agira de sommer le futur président du Sénat de choisir entre les deux stations : la présidence du Sénat ou la mairie de Dakar. Et, renseignent nos sources, ‘du fait de la nature financièrement attractive de la mairie de Dakar, Pape Diop pourrait, de gaieté de cœur, choisir le poste de premier magistrat de la capitale’. A défaut, des moyens de coercition dont seul le pouvoir a le secret, l'amèneraient à décider dans ce sens.
Le troisième acte consistera à ‘armer’ les éléments dits de la ‘Génération du concret’ pour, non pas installer forcément Karim Wade comme l'idée en est de plus en plus répandue, mais mettre sur rampe de lancement un jeune de la nouvelle garde. Ainsi, d'une pierre, les anti-Pape Diop vont faire deux coups : écarter l'actuel maire de Dakar du chemin de la présidence et procéder à un renouvellement de la classe politique. Lequel renouvellement postule, dans le schéma des concepteurs, un renvoi à la retraite anticipée de tous les quinqua, sexa et autres septuagénaires qui se projettent déjà dans l'après-Wade.
S'il réussit, ce plan sera le deuxième dans l'entreprise de ‘liquidation’ de Pape Diop. On se rappelle, en effet, au moment où les affidés de Me Wade s’acharnaient sur la personne de son ex-Premier ministre, Idrissa Seck, pour le mettre hors circuit, une cabale prenait forme dans l’hémicycle. On était en 2005. Une cabale ourdie par des libéraux purs et durs et qui avait pour objet l’éjection de Pape Diop du perchoir de l’Assemblée nationale. Réputé proche d'Idrissa Seck (si on en juge par sa promptitude à jouer les sapeurs-pompiers chaque fois que des braises incandescentes menaçaient les relations entre le président de la République et son ex-Premier ministre), Pape Diop avait failli passer de ‘vie à trépas’. Les pétitionnaires encagoulés avaient saisi le prétexte de la double casquette de Pape Diop pour lui reprocher sa tendance à privilégier la Ville de Dakar, dont il est le maire, sur le Parlement qu’il préside. Aussi Pape Diop a-t-il failli payer cher ce cumul de fonctions qui avait très tôt fait grincer des dents. Les manœuvres souterraines qui passaient sous le boisseau et qui étaient à peine chuchotées, ont ainsi été formulées sous la forme d'une pétition qui a circulé dans l’hémicycle et dont l’existence a été confirmée par des députés membres du groupe libéral à l’Assemblée. Le président de la République avait convoqué dare-dare ceux qui avaient été présentés comme étant les initiateurs. Lesquels s'étaient empressés de nier l'existence des faits. Mais le ver était bien dans le fruit.
Trois ans après, le même scénario renaît de ses cendres. A la seule différence que, cette fois, il s'agirait bien d'une proposition de loi et non d'une simple pétition.
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