
En tournée à Thiès dans le cadre de la grève de la convergence SUTSAS/SAS, le secrétaire général du Sutsas s'est réjoui du mot d'ordre de grève de 48 heures respecté par ses camarades de Thiès et des autres régions. Nous l’avons interpellé sur les doléances qui les font bouger. Entretien… Il a fait une révélation de taille sur le personnel de santé en chômage.
Matin :Pouvez-vous nous faire la situation après 48 heures de grève ?
Mballo Dia Thiam : Dans la région de Thiès, tous les postes de santé sont fermés. Dans les centres de santé, on a assuré le service minimum avec les urgences. A l'hôpital régional de Thiès, si les camarades ne s'étaient pas organisés pour les urgences, ce serait la catastrophe. Tout compte fait, c'est une grève qui a été massivement suivie pour 48 heures.
Dans les autres régions aussi, c'est le même scénario que Thiès. Les camarades m'ont appelé de Tamba, Ziguinchor, Fatick et Kaolack pour dire que la grève a été massivement suivie. Les postes de santé sont aussi fermés dans ces localités avec des chefs de postes qui se sont retrouvés dans des quartiers généraux. Les centres de santé ont assuré le minimum comme ici à Thiès.
Le motif de notre mission à l(intérieur du pays , c'est une revue des troupes, une manière de requinquer les camarades, de les réarmer moralement et de rendre compte des derniers développements. Heureusement, il n'y a pas d'incidents majeurs. Si le gouvernement ne réagit pas, nous allons remettre le mot d'ordre la semaine prochaine et ce sera pour 72 heures.
Pouvez-vous revenir sur vos doléances ?
Ce que nous réclamons, c'est la matérialisation des acquis, la convocation d'une plénière sur les questions que le gouvernement a considéré nouvelles alors qu'elles ne le sont pas. Celles-ci tournent autour de l'allongement de l'âge de la retraite à 65 ans pour sécuriser nos pensions de retraite.
C'est le basculement des non fonctionnaires qui émargent à l'Ipres dans le Fonds National de Retraite (FNR) pour une retraite substantielle et valorisante. L'octroi de l'indemnité de logement et la « verticalisation » de l'indemnité de responsabilité figurent dans nos préoccupations.
Nous n'avons jamais oublié la question de la dette hospitalière. Aujourd’hui, les hôpitaux croulent sous le poids de la dette et l'État n'a pas approvisionné suffisamment le BCI (budget consolidé d'investissement). Or, c'est le BCI qui sert d'investissement aux hôpitaux, avec 900 millions de Fcfa qui ne peuvent pas servir à grand-chose.
La dette a stagné ou augmenté par endroit parce que l'État n'a pas jusqu'ici agi sur les mécanismes d'information de la dette.Il y a eu des audits, on sait la typologie même de la dette. C'est des dettes sociales donc des cotisations que les établissements doivent verser à l'Ipres et à la caisse de sécurité sociale. Ce sont des dettes aux fournisseurs et si vous ne payez pas, ils ne donnent pas les consommables.
S'il n'y a pas de consommables, l'établissement ne peut pas exploiter. Les autres, c'est des dettes fiscales et l'État aurait même dû renoncer à ces dettes fiscales. C’est la TVA de manière globale et les hôpitaux souffrent de cette TVA. Celle-ci est une manière de diminuer les budgets Maintenant, les assises de l'action sociale nous les avons vécues.
Après 25 ans de combat, c'est comme si le gouvernement ne s'intéressait pas à la matérialisation de ces acquis. La loi d'orientation sociale a été votée mais jusqu'à présent les décrets d'application ne sont pas signés. Les autres questions concernent les questions de management.
Pour le recrutement du personnel communautaire et vous dites qu'il ya des médecins, infirmiers et sage- femmes qui sont en chômage ?
Bien sûr parce que pendant les périodes d'ajustement structurel, l'école des agents de santé et l'école des infirmiers d'État ne recrutaient. On avait même des problèmes de ressources humaines de qualité. C'est pourquoi, les structures sanitaires avec les Associations pour la Promotion de la Santé à l’ Hôpital ( Aph) ont recruté énormément parce qu'il fallait des bras pour travailler.
Aujourd'hui, c'est l'effet inverse avec la libéralisation de la formation il y a un stock important d'infirmiers et de sage-femmes au chômage. Il y a près de 1500 sage-femmes, 2000 infirmiers et 400 médecins sont au chômage alors que les structures sont là. Le besoin existe et les camarades plombent sous le poids de la surcharge de travail.
Il ya des ratios aussi pour les lits de réanimation. Un lit de réanimation pour un infirmier, un lit chaud, un lit froid, ces ratios ne sont même pas respectés. Or , l'État a le devoir non seulement de les recruter pour décharger les gens mais aussi pour faire fonctionner les structures qui sont dans une perspective d'ouverture telles que les hôpitaux de Fatick, Matam, de Kaolack ...
Recueillis Par Ibrahima Ndiaye Correspondant à Thiès
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