
Un rapport de l'Observatoire des drogues et des toxicomanies (OFDT) détricote l'idée selon laquelle les combattants de Daech seraient sous l'emprise du captagon, un médicament interdit.
Le mythe selon lequel le captagon serait la "potion magique" des combattants de l'organisation Etat islamique a vécu... Non les djihadistes de Daech ne seraient pas sous l'emprise du captagon, une drogue interdite avant de commettre leurs atrocités, dément un rapport de l'Observatoire des drogues et des toxicomanies (OFDT). Laurent Laniel, auteur de cette étude intitulée "Captagon : déconstruction d'un mythe", s'est intéressé à ce stupéfiant pour mieux dégonfler l'emballement médiatique autour de cette substance.
Après les attentats de Paris du 13 novembre 2015, les médias se sont fait les choux gras de cette drogue, laissant apparaître des "théories plus ou moins fantaisistes qu'il est souvent difficile de démontrer ou d'invalider", pointe l'auteur. Après les événements, de nombreuses informations ont circulé accréditant l'hypothèse que les terroristes aient été "shootés" à cette drogue, un puissant psychotrope capable d'inhiber la peur, la fatigue et de donner une grande confiance en soi.
Le rapport de Laurent Laniel balaye l'idée selon laquelle les auteurs des attentats de 2013 aient été drogués à la fénétylline, le principe actif du Captagon®. Au début du mois de janvier 2016, les autopsies des corps des terroristes du 13 novembre ont démontré que ceux-ci n'avaient consommé "ni stupéfiants ni alcool" avant de passer à l'acte. Ces conclusions n'ont pas mis fin aux rumeurs solidement ancrées dans l'imaginaire collectif, les dubitatifs arguant que les traces de fénétylline disparaissent très rapidement de l'organisme et auraient pu ne pas être détectées par les médecins légistes.
Pour Laurent Laniel, "le problème n'est pas là puisque le Captagon® et son principe actif, la fénétylline, ne sont plus disponibles en France depuis 2013 et [...] le captagon ne contient de toute façon pas de fénétylline (...). Il est donc peu probable que cette substance ait pu être détectée dans l'organisme de terroristes fin 2015, quel que soit le timing des autopsies".
DES "CACHETONS" COUPÉS À LA CAFÉINE
Pour le spécialiste, chercheur à l'Observatoire européen des drogues et des Toxicomanies (EMCDDA), les comprimés considérés à tort comme du Captagon n'ont "plus grand-chose à voir" avec le médicament originel et sont souvent confondus avec des contrefaçons. "Ces éléments permettent de démystifier le "captagon" et d'exposer sa véritable et très prosaïque nature : du "speed" en "cachetons" souvent coupés à la caféine", résume Laurent Laniel dans le rapport.
Quid du captagon consommé dans le monde arabe ? "Les comprimés vendus sur les marchés des drogues du monde arabe sous le nom de "captagon" sont des contrefaçons ayant l'aspect et le logo du Captagon® originel, précise le document. Le nom "captagon" a été conservé ; mais le médicament originel a disparu, il ne contiendrait que des amphétamines, pointe Laurent Laniel dans une interview à France culture.
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