
Le 25 avril est célébrée la journée mondiale de la lutte contre le paludisme. Un médecin sénégalais, le Professeur Daouda Ndiaye, a apporté une contribution significative dans la lutte contre cette pandémie. Sa trouvaille fait des miracles.
Pour compléter la gamme des tests de dépistage du paludisme, le Professeur Ndiaye, titulaire des Universités, a mis en place Illumigene Malaria qui est un diagnostic rapide 400 fois plus précis que les outils de routine. Cette découverte contribuera à l’élimination et éventuellement l’éradication de la pandémie.
C’est dans le cadre de la recherche d’outils beaucoup plus performants, pour lutter contre le paludisme que le Pr Daouda Ndiaye a trouvé cette méthode de diagnostic rapide et précis. Il s’agit de Illumigene-Malaria, conçu par la firme américaine Meridian Biosciences avec l’aide technique des centres de contrôle et prévention des pathologies (CDC/Atlanta) aux USA et de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Selon le chercheur, ce test se révèle jusqu’à 400 fois plus sensible au dépistage du parasite du paludisme que les tests conventionnels ce qui va potentiellement révolutionner le diagnostic de cette pathologie et instaurer une nouvelle norme de référence surtout dans les zones de pré élimination au Sénégal, en Afrique et partout ailleurs dans le monde. Ce test moléculaire est conçu pour le dépistage des parasites surtout dans les zones d’élimination du paludisme grâce à sa sensibilité absolue, car pouvant détecter des parasitémies inférieures à 0,2 parasite/µL.
Le test s’appuie sur la technologie moléculaire LAMP innovante, les résultats obtenus avec illumigene sont disponibles en moins d’une heure. De l’avis du chercheur, le test est simple à utiliser dans la mesure où il ne repose pas sur une expertise technique de haut niveau. « En raison du portage sous microscopique des Plasmodiums au sein des populations surtout dans les zones de pré élimination où les parasitémies deviennent de plus en plus sous microscopiques, un outil de dépistage déployable sur le terrain à l’échelle de la communauté et qui soit robuste et sensible est indispensable pour permettre de tracer le réservoir de parasites dans toutes les régions de pré-élimination. Illumigene-Malaria offre cette capacité », a-t-il noté.
Dans le cas du Sénégal, où en effet deux zones particulières ont été identifiées dans la cartographie du paludisme à savoir le Sud où la situation demeure encore préoccupante avec la persistance des parasites et le Nord qui est considéré comme une zone de pré-élimination où les parasites deviennent rares et difficiles à être détectés par les outils conventionnels que sont les tests microscopiques et les tests de diagnostic rapide (TDR). « Le test permet à temps réel de détecter toutes les espèces de Plasmodiums, quels que soient la densité parasitaire et le stade parasitaire », a souligné l’auteur.
Le test est nécessaire dans les zones de pré-élimination
Pour les essais cliniques, le laboratoire du Pr Ndiaye a collaboré avec des institutions américaines pour valider ce test. Les données recueillies auprès de plus de 200 patients au Sénégal ont permis de valider la performance de illumigene Malaria. « Le test a démontré 100 % de sensibilité, mais, plus important encore, il a également détecté des patients infectés qui avaient échappé au dépistage par les méthodes conventionnelles de détection et d’identification du paludisme », note-t-il, indiquant que grâce à un diagnostic plus précis et disponible plus rapidement, il est possible de mettre en place un traitement sans tarder et d’obtenir de meilleurs résultats.
L’inventeur a tenu à préciser qu’il existe des outils performants dans les grands laboratoires, mais le coût d’acquisition est onéreux et ils nécessitent beaucoup d’expertise. « La révolution réside dans le fait que illumigene Malaria est une machine en miniature et qui peut être employée sans difficulté par le personnel de santé et qui pourra à terme être déployée dans en périphérie dans les zones de pré-élimination. Ce test pourra également accompagner et renforcer les tests de routine pour optimiser le diagnostic du paludisme », a annoncé le professeur du département de parasitologie-mycologie de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar.
Des discussions en vue pour l’acquisition de la technologie au Sénégal
Pour que la lutte contre le paludisme soit efficace, le chercheur a signalé l’importance de sensibiliser la population sur la nécessité de dormir sous Moustiquaires imprégnées d’insecticide tous les soirs pour se protéger. Il a rappelé les efforts du Ministère de la Santé à travers le Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP) sous l’appui des partenaires, avec la distribution des Moustiquaires imprégnées d’insecticide à l’échelle nationale. Le paludisme tue toujours et le parasite responsable de la pathologie est devenu plus virulent, plus résistant aux antipaludiques grâce à son polymorphisme génétique de plus en plus complexe et donc difficile à maitriser. Néanmoins grâce à la gratuité des tests de diagnostic du paludisme et des antipaludiques au niveau des structures sanitaires au Sénégal, le taux de morbidité et de mortalité liées au paludisme a énormément régressé. Cependant l’un des meilleurs moyens d’éviter l’infestation et la maladie, est de dormir toutes les nuits sous moustiquaire imprégnée d’insecticide.
Si au Sénégal, depuis 2000, on a noté un recul de pré de 40 % des décès liés au paludisme en raison d’une meilleure prévention et un renforcement des mesures de contrôle mis en place par le PNLP et ses partenaires, malheureusement à l’échelle planétaire la pandémie reste toujours l’une des trois principales causes de décès chez les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes. Il fait une victime toutes les minutes. Aujourd’hui, le paludisme n’est par ailleurs plus une pathologie « réservée » à l’Afrique subsaharienne ou l’Asie du Sud du fait de la migration. Selon une étude récente d’ailleurs, la proportion de cas de paludisme importés a augmenté ces dernières années, passant de 14 à 86 %.
Meridian Biosciences Europe s’active à la distribution de illumigene Malaria en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique.
Au Sénégal, des discussions et des réflexions seront entamées pour l’acquisition prochaine de la technologie sur la route vers l’élimination.
Qui est le Professeur Daouda NDIAYE ?
Chef du Service de Parasitologie et Mycologie, à la Faculté de Médecine, Pharmacie, et Odontologie de l’UCAD au CHU Le Dantec, Pr NDIAYE, natif de la banlieue, a été victime d’un paludisme sévère durant son enfance dans sa ville à Pikine.
Depuis le 11 avril, l’OMS a choisi le service de Parasitologie et Mycologie de l’UCAD et du CHU Le Dantec dirigé par le Professeur Daouda NDIAYE pour assurer la direction du Cours international OMS d’accréditation des microscopistes du paludisme (ECAMM) des pays francophones et de la sous-région après le premier centre ouvert à AMREF au Kenya depuis plusieurs années. Désormais, ce prestigieux cours est sous la direction du Pr Ndiaye. Son génie dans la lutte contre le paludisme, à travers un plateau technique de haut niveau et une expertise avérée, a été reconnu par la communauté internationale qui l’a chargé de piloter ce prestigieux cours. « J’ai l’intention d’organiser le cours tous les trois mois avec une moyenne de trois à quatre cours l’année en accord avec l’Organisation mondiale de la Santé », a indiqué le natif de Pikine en banlieue dakaroise. Si le Pr Ndiaye est aujourd’hui en lévitation, il lui a fallu du chemin pour arriver au sommet.
Aujourd’hui, Professeur Titulaire des Universités, chef de l’Unité de Parasitologie-Mycologie du Centre hospitalier universitaire (CHU) de l’hôpital Aristide Le Dantec, Pr Ndiaye a obtenu son Baccalauréat au lycée Limamoulaye de Guédiawaye en 1992. En 1999, il décroche son Certificat d’Études spécialisées en Parasitologie et Mycologie à l’UCAD, et en 2000 son Doctorat d’État en pharmacie. La soif du savoir le mène aux États Unis où il obtient le Doctorat Es-Sciences après une formation et des études réalisées à l’Université américaine Harvard de Boston aux USA, en 2007. Il a publié ses travaux scientifiques dans les plus prestigieuses revues internationales parmi lesquelles : Sciences, Nature, Nature Genetics, Genome, Cells, etc.
Depuis une dizaine d’années, le conseiller à l’OMS de Genève sur le diagnostic du paludisme se consacre à la recherche sur le paludisme où ses travaux viennent d’être couronnés par cette découverte. Quid des royalties de son brevet d’invention ? « J’avoue que je n’avais pas posé de condition à la firme pour une contrepartie. Mon vœu était de contribuer à l’avancée de la recherche et soulager les populations surtout de la banlieue », a noté celui qui a été une fois victime d’un palu sévère.
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