
En huit ans d’un pontificat qui devait être celui d’un Pape de transition, plusieurs crises ont affecté l’image ou le message de l’Eglise catholique. En cause : la patte d’un pape âgé et tout entier tourné vers son travail de théologien, mais aussi les limites du mode de gouvernance d’une institution mondiale qui n’a pas su renouveler ses circuits de décision et son personnel.
L’islam à Ratisbonne
Dans un discours à l’université de Ratisbonne, en Allemagne, Benoît XVI prononce une phrase, datant de 1391, suggérant un lien entre islam et violence. La référence provoque un tollé dans le monde musulman. Le Pape regrettera d’avoir été mal compris et, quelques mois plus tard, entreprend de renouer le dialogue avec l’islam, avec la création d’un forum catholique-musulman réunissant tous les deux ans des responsables des deux religions.
La réintégration des intégristes
Début 2009, le Pape annonce la levée des excommunications prononcées contre les quatre évêques intégristes ordonnés par Mgr Lefebvre en 1988. Cette décision choque d’autant plus qu’il y a parmi eux un évêque ouvertement négationniste. Benoît XVI reconnaît une erreur sur ce dernier cas, mais poursuit son processus de réintégration. Des discussions sont toujours au point mort entre le Vatican et les intégristes, apparemment intraitables. Au grand dam de nombreux catholiques, ulcérés par l’intransigeance intégriste depuis vingt-quatre ans.
Le sida et le préservatif
Nouveau tollé planétaire en mars 2009 lors du premier déplacement de Benoît XVI en Afrique. En route vers ce continent ravagé par le sida, le Pape, fidèle à la doctrine de l’Eglise prônant l’abstinence sexuelle hors mariage et la fidélité, assure que la distribution de préservatifs «augmente le problème» du sida. Un an et demi plus tard, il semble infléchir ces propos dans un ouvrage d’entretiens. Il y décrit le recours au préservatif «comme un premier pas sur le chemin d’une sexualité plus humaine».
La pédophilie
Fin 2009, la révélation d’actes de pédophilie commis durant des décennies sur des milliers d’enfants par des membres du Clergé irlandais crée la stupéfaction. Une succession d’affaires similaires resurgit alors dans divers pays européens, obligeant le Vatican à réagir par vagues successives. Le Pape publie une lettre aux catholiques irlandais en mars 2010 reconnaissant «la gravité des fautes» et «la réponse inadéquate» de l’Eglise. Puis, en dépit de réflexes défensifs destinés à protéger l’institution, il multiplie les déclarations. «La plus grande persécution contre l’Eglise ne vient pas de ses ennemis de l’extérieur, mais naît des péchés de l’Eglise», déclare-t-il, en mai de la même année. Ce mea culpa collectif est complété par une demande de «pardon à Dieu et aux personnes impliquées». Puis par l’actualisation de règles canoniques censées accélérer les procédures et les éventuelles sanctions.
En mai 2011, le Vatican donne un an à tous les épiscopats pour harmoniser leurs procédures de prévention et de gestion des cas de pédophilie. Début février, un colloque inédit réunissant plus de 200 responsables de l’Eglise martèle les nouvelles règles (la coopération avec la justice civile, la fin de l’omerta et l’écoute des victimes), mais souligne les difficultés à les appliquer sur tous les continents. Hormis le chapitre des sanctions et sous réserve des suites effectives données au discours officiel, le Pape aura indéniablement pris en compte un phénomène jusque-là institutionnellement occulté.
VatiLeaks
La publication en février 2012 de documents confidentiels, volés par le majordome de Benoît XVI Paolo Gabriele, met au jour la fragilité du gouvernement, des rivalités au sein de la curie romaine et divergences sur la politique de transparence financière amorcée par le Vatican. Cette affaire a pu déstabiliser le Pape, mais les conséquences concrètes sur l’institution sont restées limitées. Jugé par la justice vaticane et condamné, Paolo Gabriele a finalement été gracié par Benoît XVI.
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