La rumeur avait enflé peu à peu au Portugal : la Vierge était apparue à trois petits bergers de Cova da Iria, un lieu-dit près du village de Fátima, au Portugal. Le miracle se reproduira plusieurs fois, de mai à octobre de l’année 1907. Depuis cent ans, la ferveur n’est pas retombée et les dates anniversaires des apparitions attirent une foule nombreuse. Quelque cinq millions de personnes visitent chaque année le sanctuaire.
Lucia, Francisco et Jacinta Marto, les trois bergers témoins des apparitions de Marie à Fatima. (Photo : Santuario De Fatima/AFP)
Les vendredi 12 et samedi 13 mai marquent le coup d’envoi des commémorations du centenaire des apparitions de Marie, en présence du pape François. Celui-ci ne restera que 24 heures, mais doit procéder samedi à la canonisation des bergers Francisco et Jacinta Marto, témoins des apparitions.
Deux millions de personnes sur 3 hectares
L’événement déclenche un formidable enthousiasme. Conséquence : les autorités portugaises sont sur les dents. Les frontières sont bouclées du 10 au 14 mai, un dispositif de surveillance exceptionnel a été mis en place et le déploiement des forces de sécurité a été porté à son maximum. L’immense esplanade de 3 ha devrait recevoir un million de personnes en deux jours, elle ne peut pourtant en contenir que 400 000.
Parmi tous ces fidèles, environ 60 000 pèlerins devraient rejoindre Fátima à pied. Depuis Lisbonne, c’est 140 km, que certains ont préféré parcourir bien avant afin d’éviter l’engorgement des commémorations. C’est le cas du groupe conduit par José Félix, qui a parcouru la distance en trois jours seulement, au moment du pont du 1er mai.
Les pèlerins de son groupe, des amis et membres de sa famille sont de condition modeste : pas question de perdre une journée de travail. Alors José et le groupe ont parcouru le chemin en trois étapes, marchant en file indienne, avec leurs gilets fluorescents, face au danger des voitures qui ralentissent à peine à leur hauteur. Les accidents n’étant pas rares, il faut rester concentré.
1 500 € l’hébergement
La nuit se passe dans un gymnase de pompiers, là encore par souci d’économies. Les auberges sont trop chères, et avec la venue du pape, les prix ont flambé. Des lits sont loués à 1 500 €, parfois dans de simples dortoirs, malgré les appels à la retenue des responsables du tourisme. Il n’y a de toute façon plus rien de disponible à 200 km à la ronde.
À l’arrivée à Fátima, malgré les pieds constellés d’ampoules et les membres perclus de courbatures, la joie des marcheurs s’affiche sur les visages fatigués. « Je n’ai pas de mots. C’est juste magnifique d’avoir pu arriver au sanctuaire sans que personne n’ait laissé tomber. Objectif atteint, c’est dur mais on l’a fait », résume José Félix. Le groupe se sépare.
Les usines tournent à plein régime
Certains achètent des bougies pour les déposer dans la brûlerie du sanctuaire. D’autres se procurent des souvenirs. Le chapelet commémoratif se vend 12 € pièce, les statuettes de la Vierge de Fátima se vendent comme des petits pains. Dans la région de Fátima les usines tournent à plein régime pour faire face aux demandes de produits dérivés. L’entreprise Manulena qui fabrique des bougies et détient 50 % du marché portugais, a dû embaucher dix personnes pour faire face au regain de production.
Concentrée, une ouvrière peint le visage de la statue de la Vierge de Fátima à l’usine Farup. (Photo : Marie-Line Darcy)
Chez Farup on fabrique sans relâche les statuettes de Marie, un processus artisanal qui requiert patience et dextérité. Les exportations augmentent vers de nouveaux marchés, les Philippines, la Corée du sud et même le Liban. À combien s’élèvent les recettes du sanctuaire ? Personne n’a encore révélé le secret. La région elle se frotte les mains. Sur l’esplanade des apparitions, un jeune pèlerin commente avec une pointe d’ironie. « Jusqu’à preuve du contraire, un Ave Maria c’est gratuit. »
Les statuettes de la Vierge de Fátima se vendent comme des petits pains. (Photo : Paulo Cunha/EPA)
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