
Le Cardinal Théodore Adrien Sarr a présenté ce matin son message de Noël, à sa résidence «Les Badamiers », à Dakar. Indiquant qu’il s’agit de son dernier message de Noël, le Cardinal Sarr a fait ses adieux aux téléspectateurs et aux auditeurs et a évoqué l’arrivée prochaine de son successeur. « Avec vous souhaitons la bienvenue et un ministère épiscopal fécond et épanouissant à Mgr Benjamin Ndiaye qui me remplace et qui sera bientôt accueilli dans l’Archidiocèse de Dakar », a-t-il déclaré à la fin de son discours qu'il a donné en trois langues: français, wolof et sérère.
Chers frères et sœurs en Jésus-Christ,
Chers auditeurs,
Chers téléspectateurs,
« Un enfant nous est né, un fils nous a été donné (…) ; on proclame son nom : ?Merveilleux-Conseiller, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince de la Paix”. » (Is 9, 5).
Nous nous apprêtons à recevoir cette joyeuse annonce du Prophète Isaïe, qui sera relayée par celle des Anges aux Bergers de Bethléem, dans l’Evangile selon Saint Luc : « Aujourd’hui vous est né un Sauveur, dans la ville de David. Il est le Messie, le Seigneur. » (Lc 2, 11).
Au moment de vous rejoindre tous à travers ce traditionnel message de Noël, il me plaît d’anticiper pour vous, et en particulier pour mes frères chrétiens, les paroles de la bénédiction solennelle, que nous entendrons dans quelques heures, à la fin de la messe de cette Nuit de Noël : « Dans son Amour infini, Dieu a voulu que les bergers reçoivent d’un ange l’annonce d’une grande joie pour le peuple. Qu’il mette en vos cœurs cette même joie, et vous prenne comme messagers de sa Bonne Nouvelle ! »
Oui, chers frères et sœurs chrétiens, nous sommes habitués à l’ambiance de joie et d’espérance, qui caractérise les célébrations de Noël. Mais ne perdons jamais de vue que cette joie et cette espérance naissent de la conviction que nous apporte Noël, et que nous rappelle le Pape François : « La certitude que la Parole ultime et définitive appartient au Prince de la Paix, qui change ?les épées en socs et les lances en serpes” (Is 2, 4), et transforme l’égoïsme en don de soi, et la vengeance en pardon. » Oui, l’« enfant qui nous est né, le Fils qui nous a été donné, est le Sauveur », envoyé par Dieu ! Oui, Il vient transformer nos cœurs, l’humanité et le monde !
Travaillons alors à être toujours mieux les échos vivants de la joyeuse Annonce des Anges de la Nuit de Noël, en partageant la Foi de Noël avec tous nos frères et sœurs ; mieux encore en la portant sur nos visages, pour qu’en nous voyant vivre, ils reconnaissent en chacun de nous les œuvres de l’Emmanuel, Dieu-avec-nous, du Sauveur des hommes, du Prince de la Paix.
2- Que serait en effet Noël sans la foi en la proximité et solidarité de Dieu avec l’homme, un Dieu qui ne se lasse jamais d’aller à la rencontre de celui-ci, et de lui parler, comme nous en assure l’auteur de la Lettre aux Hébreux : « Après avoir, à maintes reprises et sous maintes formes, parlé jadis aux Pères par les prophètes, Dieu, en ces jours qui sont les derniers, nous a parlé par le Fils, qu’il a fait héritier de toutes choses, par qui aussi il a fait les siècles. » (He 1, 1-2). Oui, Dieu vient à notre rencontre, pour semer en nous le désir continuel de la rencontre avec Lui, et avec les autres ! Oui, Il se fait « Emmanuel, Dieu avec nous », pour nous apprendre à vivre la communion avec Lui, la communion et la solidarité avec les autres. L’espérance de Noël, c’est que nous parvenions à nous mettre à l’école du Dieu fait homme, et à y persévérer pour accomplir de mieux en mieux son Commandement : « Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés. » (Jn 13, 34).
Pour nous chrétiens, Noël est Fête de la Famille. Or, à en croire le Pape François, « la Famille est la communauté d’amour, dans laquelle chaque personne apprend à se mettre en relation avec les autres, et avec le monde. » (Tweet du 09 décembre 2014, à 6.00). Fêter Noël, c’est reprendre conscience de cette richesse de la Famille ; c’est vouloir faire toujours mieux de notre Famille une communauté où chacun apprend à aimer, à se mettre en relation avec les autres. C’est encore là l’espérance de Noël, espérance de goûter toujours mieux les joies de l’amour familial effectif, grâce à l’œuvre de l’Homme-Dieu en nous.
En ce Noël 2014, je vous invite tous alors à adhérer à cette autre conviction du Pape François : « Un engagement commun de tous est utile pour favoriser une culture de la rencontre, parce que seul celui qui est en mesure d’aller vers les autres est capable de porter du fruit, de créer la communion, d’irradier la joie, de construire la paix. »
« Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’Il aime ! » (Lc 2, 14) En faisant nôtre ce chant des Anges de la Nuit de Noël, puisons, en Dieu, en Jésus-Christ, notre volonté de rencontre avec nos frères et sœurs, et de faire grandir la paix qui vient de Dieu, dans nos cœurs, dans nos familles, dans nos sociétés et entre les peuples !
3- En parlant de paix, comment ne pas penser à toutes les situations de conflits et d’insécurité, qui sévissent à travers le monde, minant la liberté des personnes et la jouissance de leurs droits, entravant la rencontre fraternelle et la solidarité entre les hommes. Citons entre autres le conflit Israélo-palestinien, la guerre en Irak, en Syrie et, plus proche de nous, les crises Centrafricaine et Malienne. Dans la plupart de ces conflits, le Saint Nom de Dieu est malheureusement brandi comme justification du rejet de l’autre, de sa domination ou de son extermination. N’est-ce pas là le comble de l’aberration et du sacrilège ! Le message de la Crèche de Bethléem est un message de la rencontre, de l’accueil de l’autre, de la proclamation de la gloire de Dieu liée à la promotion de la paix. Accueillons-le comme tel ; efforçons-nous toujours de le faire devenir réalité dans nos vies, dans nos familles, dans nos milieux de vie et de travail ! L’espérance de Noël, c’est le chant des Anges dans la Nuit de Bethléem : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’Il aime ! ». L’espérance de Noël, c’est que tous les croyants soient des artisans de paix, pour la plus grande gloire de Dieu sur la terre comme au ciel.
En parlant de paix, comment ne pas évoquer encore la crise casamançaise ! Nous sommes certes loin, aujourd’hui, des faits dramatiques de violence, qui prévalaient dans cette partie du pays, il y’a quelques années. En rendant grâce à Dieu pour toutes les étapes qui ont été franchies, jusque-là, convenons tout de même qu’aucune situation de calme relatif ne vaut mieux que la paix définitive, bâtie sur la vérité et la justice, le pardon, la réconciliation et la concorde. En ce jour et en ce temps de Noël, c’est une telle paix définitive que nous demandons au Prince de la Paix, pour les populations de la Casamance et le pays tout entier. C’est aussi à l’instauration d’une telle paix définitive, dans le dialogue de vérité, que nous exhortons tous les acteurs du conflit casamançais. L’espérance de ce Noël 2014 réside là aussi : que la paix définitive s’instaure en Casamance, dans les meilleurs délais !
En parlant de paix, comment ne pas dénoncer toutes ces pratiques, qui prennent naissance dans une véritable idolâtrie de l’argent, et qui minent ou détruisent toute bonne politique économique. Citons entre autres la rémunération injuste du travail de l’homme par appétit du gain, les malversations financières, la corruption, les détournements de fonds. Si l’argent est une ressource indispensable pour le bien-être des humains, des familles et des peuples, nous devons reconnaître les multiples conséquences négatives de telles pratiques pour l’épanouissement des humains, pour la communion et la solidarité entre eux. C’est pourquoi nous en appelons fermement au respect de la dignité des travailleurs, à leur rémunération juste et régulière. C’est pourquoi nous en appelons à la prise de conscience, chez nous tous, Sénégalais et Sénégalaises, des méfaits de l’idolâtrie rampante de l’argent, et à l’engagement au combat contre toutes ses formes. L’espérance de Noël, c’est que les conflits du travail s’éteignent, et que l’idolâtrie de l’argent soit combattue avec détermination, chez nous et sur toute la face de la terre, pour le plus grand bonheur des hommes.
Enfin, en parlant de paix, condition du bonheur de l’homme, et pour parler de tout ce qui l’entrave, comment ne pas évoquer la redoutable épidémie de fièvre hémorragique à virus Ebola, qui sévit dans notre sous-région ouest-africaine, en particulier en Sierra Léone, au Liberia, en Guinée et, tout dernièrement, au Mali ! En tant que croyants, nous pouvons et devons certes recourir à la prière, dans une situation si dramatique, pour demander à Dieu, à qui rien n’est impossible, de nous délivrer de tout mal. Puisse-t-il en être ainsi pour tous ces pays voisins, qui payent un lourd tribut à cette épidémie, depuis des mois !
Cependant ne nous comportons surtout pas comme si nous n’étions pas concernés. Notre devoir de citoyens nous recommande la prudence et la vigilance, et nous appelle à nous approprier les mesures sanitaires et les dispositions, que nous prescrivent les experts et nos Autorités. L’espérance de ce Noël 2014, c’est que cette maladie soit éradiquée au plus vite, pour que les populations retrouvent la joie de vivre et la paix.
Joyeux Noël, à vous les enfants, les jeunes, les pères et les mères de famille ! Bonne fête de Noël, à vous chers malades, et à vous qui êtes dans les hôpitaux et les cliniques au service des malades ! Bonne fête de Noël, à vous qui êtes en prison ! Bonne fête de Noël à vous tous, chers auditeurs et téléspectateurs ! Que la paix de Dieu demeure dans vos cœurs et dans vos vies, aujourd’hui et pour toujours ! Amen !
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