
Même si sa demande de liberté provisoire a encore été rejetée la semaine dernière, l’ancien directeur de l’Artp n’en est pas pour le moins à l’aise dans cette affaire de détournements de deniers publics dont on l’accuse. En effet, Ndongo Diao comme en atteste un décret présidentiel, n’a fait que respecter les ordres de l’ancien président Wade. Quant à l’affaire Mtl, l’un des mis en cause a mené une médiation pénale qui de fait éteint l’action en justice. De quoi amener les proches de M. Diao à se poser des questions sur les véritables raisons du maintien en prison de l’ancien Dg de l’Artp. Une affaire aux relents politiques.
Les proches de l’ancien directeur de l’Artp ont bien raison de se demander ce qui retient encore Ndongo Diao dans les liens de la détention. En effet, l’ancien patron de l’Artp a pourtant de bonnes cartes entre ses mains, car ayant fourni des preuves qui le blanchissent. D’abord, selon une source bien au fait du dossier et contactée par Wal Fadjri, Ndongo Diao, n’a fait que suivre les ordres de l’ancien président Wade dans une des affaires qui l’ont conduit à la prison. Il s’agit de la fameuse acquisition de l’immeuble de Cheikh Amar au profit de l’Artp. Et dans cette affaire, les choses sont on ne peut plus claires au vu du décret présidentiel «portant affectation des ressources financières issues de la vente de licence 3G par l’Etat».
Dans ce document, signé par Me Abdoulaye Wade et contre signé par le Premier ministre d’alors, Souleymane Ndéné Ndiaye, il est bien mentionné à l’article premier : «Est autorisé l’achat par l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (Artp) d’un immeuble devant servir de siège à la direction de l’Artp, qui sera financé par les ressources issues de la vente de licence 3G, pour un montant maximum de trois milliards cinq cent millions de francs Cfa (3 500 000 000 Fcfa), selon la valeur arrêtée par le rapport de M. Amadou Kane, expert immobilier en date du 9 mai 2011».
Le même document précise que le dit immeuble fait partie d’un programme à l’initiative du promoteur Touba Real Estate (le vendeur) qui s’engage à le livrer dans les six mois à compter de la date de signature du contrat avec l’Artp. «Le directeur général de l’Artp est autorisé à prélever directement le montant alloué et à assurer les versements au promoteur Touba Real Estate selon l’échéancier convenu», ajoute le décret présidentiel signé le 31 mai 2011. Autant de faits qui en quelque sorte mettent le directeur de l’Artp hors cause, selon ses avocats. «Au moment de quitter la direction de l’Artp, l’immeuble en question était réalisé à 50 %. Donc il n’y a point de détournement de deniers publics. Au contraire, il a fait économiser près de 430 millions à l’Artp dans cette transaction», ajoutent-ils.
L’autre fait qui plaide en faveur du Dg de l’Artp est que «l’agent judiciaire de l’Etat et les nouvelles autorités sont incapables de donner le montant du préjudice qu’aurait subi l’agence. C’est pourquoi, dans cette affaire, on ne peut pas parler de cautionnement car, pour cautionner, il faut connaître le montant du préjudice. Ce qui n’est pas le cas de l’Artp».
Pour ce qui est du contrat liant l’Artp à Mtl, des sources proches du dossier affirment que l’action devrait être éteinte puisque le principal mis en cause, Moustapha Yacine Guèye, a accepté une médiation pénale contre le paiement d’un montant de un milliard huit cent soixante millions francs cfa, comme en atteste ce document signé le 2 juillet 2012. M. Guèye finira par bénéficier d’une liberté provisoire. Tout comme le comptable Mamadou Yaké Bâ et Léon Sagna du service financier de l’Artp. A ce jour, l’ancien patron de l’Artp est le seul à être maintenu en prison dans cette affaire de détournement de deniers publics.
A la dernière audience, des sources sûres assurent que tout était parti pour que Ndongo Diao obtienne une liberté provisoire. Mais les choses ont subitement changé à la dernière minute. Et l’on soupçonne certaines autorités de s’opposer à sa mise en liberté. «Le Dg de l’Artp est comme un otage. Il fait partie des premiers dignitaires de l’ancien régime à être arrêté dans la traque des biens mal acquis. C’est pourquoi, on a l’impression qu’on veut se servir de lui comme un trophée de guerre, même si on sait que son dossier est vide. Rien ne justifie son maintien en prison, sinon le désir de satisfaire la clameur publique. On a fait croire aux Sénégalais qu’il y avait des milliards détournés. A l’arrivée, la montagne accouche d’une souris et on ne veut plus reculer», explique-t-on.
Georges Nesta DIOP
Légende : Les Conseils de Ndongo Diao soupçonnent une politisation du dossier.
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