
Avec la signature, ce mardi, d’une convention de financement entre le Sénégal et la Belgique, en vue du «procès à haut risque» d’Habré, le dernier obstacle à la tenue du jugement semble être levé. Comprendre : l’ex-président du Tchad est encore plus proche du grand jour tant attendu par ses présumées victimes. Tout porte à croire que le régime de Macky Sall ne badine pas avec sa volonté et sa détermination à vouloir organiser le procès qualifié de «haut risque» et de «mission impossible» d’Hissène Habré. La semaine dernière, le président de la République avait procédé à la nomination du contrôleur (Mamadou Dia) et de l’administrateur (Ciré Aly Bâ) de la Chambre africaine extraordinaire chargée de juger l’ex-homme fort de Ndjaména.
Qui, du reste, s’est exilé au Sénégal depuis sa chute du pouvoir survenue à la faveur d’un coup d’Etat militaire portant la signature de l’actuel président tchadien, Idriss Déby. Ainsi, un autre acte vient d’être posé : la Belgique va apporter sa contribution financière, ce mardi. Selon des informations parvenues du ministère de la Justice, cela va se matérialiser à travers «la signature d’une convention de financement en vue du prochain procès d’Habré». C’est à l’issue de la cérémonie officielle présidée par le ministre sénégalais de la Justice, Aminata Touré et l’ambassadeur de la Belgique à Dakar qui aura lieu cet après-midi, dans les locaux de la Chancellerie que le montant sera dévoilé, nous informe-t-on.
Réagissant par rapport à cette nouvelle donne, des membres du collectif de la défense (dirigé par Mes El Hadj Diouf, Ciré Clédor Ly et François Serres) parlent de «participation intéressée de la Belgique». Leur conviction sur le financement du procès est que «cette contribution est le prix d’achat de la condamnation du président Habré. Ce procès, qui commence sur des bases d'iniquité et d'injustice, est commandité uniquement pour avoir la tête d’Habré. On a jamais vu dans l’histoire un procès financé». A leur tour, ces défenseurs d’Habré réclament la «dotation de fonds destinés à assurer une bonne défense de leur client».
Ils dénoncent, au demeurant, l'activisme des militants des droits humains qui s'immiscent dans l'organisation du procès et dont leurs leaders font de l’affaire Habré leur fonds de commerce.La Belgique n’est pas le seul Etat-bailleur pour financer l’organisation du procès d’Habré dont le Sénégal chiffre le montant à un besoin de près de neuf milliards et auquel il ne contribuera pas. Le Tchad où Habré a déjà été jugé et condamné par contumace à la peine de mort a contribué à hauteur de deux milliards de francs Cfa. L’Union européenne, les Etats-Unis, les Pays-Bas, l’Union africaine, le Luxembourg entre autres, sont aussi sur la liste des Etats devant passer à la caisse. Au début, le Sénégal avait réclamé 12 milliards avant de les revoir à la baisse, sur demande de l’Union européenne, principal bailleur. Une somme destinée à la réfection de l'aile gauche de l'ancien palais de justice du Cap manuel, à la prise en charge des victimes (tchadiennes, sénégalaises et belges) ainsi que le salaire du personnel judiciaire.
0 Commentaires
Participer à la Discussion