[ Video ] Rama Yade : " Les Français ne sont pas du tout racistes"

Une fois de plus, Rama Yade a dépassé les clivages, les indignations surjouées et les analyses formatées pour parler intelligemment du Front national.

De par ses origines elle pourrait ressentir le discours frontiste comme une intolérable agression, tout au contraire, elle en a parlé posément avec lucidité alors qu'elle était l'invitée du 22h de Public Sénat mercredi 23 mars.

C'est pourtant une des premières à l'UMP à avoir alerté vivement sur les effets néfastes d'un improbable rapprochement entre l'UMP et le FN.

Fin octobre 2010, alors que le député du Nord, Christian Vanneste, se disait favorable, à l'émergence d'une "droite large" regroupant le centre, l'UMP et le Front national (ce dernier sous condition), Rama Yade demandait illico son exclusion de l'UMP pour permettre "à M. Vanneste de rejoindre ses amis d'extrême droite".

Depuis Vanneste s'est brillament illustré en parlant du "parti de l'étranger" pour désigner le Parti socialiste et sa secrétaire nationale à l'Immigration, Sandrine Mazetier.

Le "parti de l'étranger", une expression  antidreyfusarde, antisémite, que le député Vanneste ne pouvait pas ne pas connaître et qu'il emploie ainsi à dessein.

Rama Yade avait donc une fois de plus vu juste d'un point de vue politique (et d'un point de vue humain), son analyse, sur ce qu'on peut désormais appeler le phénomène Front national, est tout aussi avisée : "Je suis absolument convaincue que les Français ne sont pas du tout racistes et que c'est pas un vote raciste qui s'exprime dans ce vote (le vote FN ndla)."

Enfin ! Ça change de tous ces politiques qui déclarent toujours les électeurs coupables, forcément coupables, et qui s'absolvent de toutes les erreurs commises, passées, présentes et à venir.

Rama Yade met un mot sur la raison du vote frontiste : la déception. 

La déception de toute une partie de la société, de tous ces gens qui vivent de plus en plus mal, ou le ressentent comme tel, et qui s'estiment complètement abandonnés par des politiques qui ne les écoutent plus depuis longtemps, soit qu'ils ne parlent pas assez fort, la majorité silencieuse, soit qu'ils n'intéressent plus les élites, les classes moyennes, soit qu'ils ne soient pas assez significatifs, ou représentatifs, le monde rural par exemple.

Alors bien sûr, on peut traîter ces électeurs de gros cons comme l'a fait subtilement mercredi Sophie Aram dans sa chronique de 8h55 sur France Inter, mais il n'est pas sûr que ce soit très efficace, d'ailleurs c'est ce qu'on leur assène depuis des lustres, et c'est la raison même de leur vote.

Rama Yade le dit très simplement, l'UMP serait d'ailleurs bien inspirée, ou Nicolas Sarkozy, de redonner une place centrale à cette femme qui incarne beaucoup de choses, entre autres, la diversité, la parité, mais surtout l'avenir.