
Le collectif Abounaddara réalise des mini-documentaires tournés et diffusés depuis la Syrie. L'une des dernières productions donne la parole à un habitant de Raqqa, bastion de l'EI. Emprisonné par le groupuscule terroriste, il évoque ses conditions de détention et offre un "Voyage dans l'Etat islamique".
Depuis septembre 2011, Abounaddara poste des vidéos tous les vendredis. Une démarche initiée peu de temps avant le début d'une guerre civile à l'origine du chaos actuel en Syrie.
Depuis septembre 2011, Abounaddara poste des vidéos tous les vendredis. Une démarche initiée peu de temps avant le début d'une guerre civile à l'origine du chaos actuel en Syrie.
Comme le précise le Courrier International, qui reprend un article paru dans le magazine américain Wired, le collectif entendait "faire la chronique de la vie de tous les jours".
Dans un numéro du Monde de janvier 2015, Charif Kiwan, porte-parole d'Abounaddara, précisait la démarche du collectif. Il s'agit "de mettre les pieds dans le plat et de dénoncer, pendant qu'il en est encore temps, chaque occasion où une communauté de langage se fait jour entre les deux camps. Nous pensons qu'il est de notre devoir de dénoncer cette logique mortifère".Ni heurts, ni violences physiques
Dans sa dernière production, intitulée "Un Voyage dans l'Etat islamique" et diffusée en deux parties sur la plate-forme Vimeo , Abounaddara tend le micro à un ancien prisonnier de Daech. Cet habitant de Raqqa, la silhouette à peine perceptible, revient sur son arrestation, sans en préciser les raisons.
"Quand j'ai ouvert la porte, avant même de comprendre, j'ai su qu'ils venaient pour m'arrêter. Ils ont fouillé la maison.
Dans un numéro du Monde de janvier 2015, Charif Kiwan, porte-parole d'Abounaddara, précisait la démarche du collectif. Il s'agit "de mettre les pieds dans le plat et de dénoncer, pendant qu'il en est encore temps, chaque occasion où une communauté de langage se fait jour entre les deux camps. Nous pensons qu'il est de notre devoir de dénoncer cette logique mortifère".Ni heurts, ni violences physiques
Dans sa dernière production, intitulée "Un Voyage dans l'Etat islamique" et diffusée en deux parties sur la plate-forme Vimeo , Abounaddara tend le micro à un ancien prisonnier de Daech. Cet habitant de Raqqa, la silhouette à peine perceptible, revient sur son arrestation, sans en préciser les raisons.
"Quand j'ai ouvert la porte, avant même de comprendre, j'ai su qu'ils venaient pour m'arrêter. Ils ont fouillé la maison.
Par chance, il y a plein de choses qu'ils n'ont pas vues: mon ordinateur portable, le récepteur d'internet par satellite, etc. Ils ont pris l'ordinateur d'un ami, et que mon téléphone portable".
Son interpellation s'est passée sans heurts. "Je n'ai pas été frappé durant l'arrestation. On m'a traité relativement bien. Ils ont détruit mes narguilés. Pour le reste, le traitement était correct, sans violence physique".
Emmené dans une voiture blanche, réservée aux activistes anti-EI, il est conduit au Centre 11, "installé au stade", principal centre d'interrogatoire. Placé en cellule, il cotoie Mohamed Moussallam, un "palestinien (ou arabe israélien, selon les informations parues en mars dernier, ndlr) qui allait être exécuté par un enfant", car soupçonné d'être un espion du Mossad.
Service hôtelier, dortoir espacé
Après 24 heures, il est transféré dans un dortoir. "La première chose qui frappe, c'est le service de Daech, son service hôtelier, qui est bien meilleur que celui du régime. (...) Nous étions nombreux, mais c'était très grand. Ce n'était pas surpeuplé comme les prisons du régime, où s'entassent jusqu'à 80 hommes dans 4 mètres carrés. On avait assez d'espace". Il y restera huit jours et recevra la visite d'un certain Abou Ali le juge qui fait "office de juge chez eux". Il leur soumettra la vidéo de l'insoutenable immolation du pilote jordanien, Mouath al-Kassaesbah, en février 2015. Une façon de mettre la pression sur les détenus.
Primé à SundanceSon interpellation s'est passée sans heurts. "Je n'ai pas été frappé durant l'arrestation. On m'a traité relativement bien. Ils ont détruit mes narguilés. Pour le reste, le traitement était correct, sans violence physique".
Emmené dans une voiture blanche, réservée aux activistes anti-EI, il est conduit au Centre 11, "installé au stade", principal centre d'interrogatoire. Placé en cellule, il cotoie Mohamed Moussallam, un "palestinien (ou arabe israélien, selon les informations parues en mars dernier, ndlr) qui allait être exécuté par un enfant", car soupçonné d'être un espion du Mossad.
Service hôtelier, dortoir espacé
Après 24 heures, il est transféré dans un dortoir. "La première chose qui frappe, c'est le service de Daech, son service hôtelier, qui est bien meilleur que celui du régime. (...) Nous étions nombreux, mais c'était très grand. Ce n'était pas surpeuplé comme les prisons du régime, où s'entassent jusqu'à 80 hommes dans 4 mètres carrés. On avait assez d'espace". Il y restera huit jours et recevra la visite d'un certain Abou Ali le juge qui fait "office de juge chez eux". Il leur soumettra la vidéo de l'insoutenable immolation du pilote jordanien, Mouath al-Kassaesbah, en février 2015. Une façon de mettre la pression sur les détenus.
Ce témoigne exceptionnel évoque également les méthodes de l'EI à l'égard de leurs prisonniers, la perversité psychologique et la façon dont il traite certains qui ignorent jusqu'au dernier moment leur condamnation à mort.
Les conditions de l'interview restent floues, mais la réputation de Abounaddara en Occident tend à crédibiliser ce document. "L'année dernière, l'ONG Human Right Watch a reconnu l'importance du travail d'Abounaddara", précise Wired.
Le collectif a par ailleurs reçu les honneurs du festival du cinéma indépendant Sundance, aux Etats-Unis. En 2014, il y a remporté le Grand Prix du jury des courts-métrages pour un documentaire intitulé "Of Gods and Dogs" centré sur l'histoire d'un soldat syrien qui cherche à se venger du Dieu qui l'a conduit à tuer un homme innocent.
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