
Mais pour se donner, peut-être, bonne conscience, le président français invoque le cas de l’Afrique du Sud confrontée au même phénomène. ‘Vous accueillez vous-même, à vous seule, près d’un quart des populations migrantes de l’Afrique. La réalité de l’immigration n’est pas satisfaisante aujourd’hui. Elle ne l'est pas pour nous, mais elle ne l'est pas davantage pour vous. Nous sommes confrontés, Européens et Africains du Sud, au même défi. Cinq cent mille personnes entrent illégalement en Europe tous les ans, l'ampleur du phénomène vers l'Afrique du Sud l'oblige également à un très grand nombre d'expulsions’. Et il s’interroge : ‘Qui pourrait se satisfaire d’une situation pareille ? Je n’ai jamais dit, parce que je ne le pense pas, que l’immigration est un phénomène qu’il faudrait combattre. Et j’ai toujours dénoncé le concept scandaleux d’immigration zéro, qui est une idée dangereuse et une idée irréaliste. La France comme l’Afrique du Sud sont deux nations qui doivent une part de leur essor à l’apport des migrants, nous ne pouvons pas l’oublier’, reconnaît le président français. Mais pour lui, ‘aucun pays au monde ne peut se permettre de recevoir, cependant, une quantité de migrants qui excède sa capacité à les accueillir dignement, dans le travail, le logement, l’éducation et les soins. La rupture de cet équilibre entraîne des phénomènes de chômage massif, d’exclusion et de ghetto’.
Alors, il estime que c’est la responsabilité de tout gouvernement de décider ‘combien de migrants il est prêt à accueillir sur son territoire et dans quelles conditions’. D’où l’immigration choisie que le chef de l’Etat a défendue avant de la mettre en œuvre. C’est ainsi que, désormais, ce sera la politique des quotas. ‘Un quota annuel de nouveaux migrants accueillis en France sera débattu et voté chaque année par le Parlement. Ce plafond comportera des sous-catégories par motifs d’immigration - travail ou regroupement familial. Il sera négocié avec les pays d’origine dans le cadre des accords de gestion concertée des flux migratoires’, précise Nicolas Sarkozy au Parlement sud-africain. Il appelle à la construction d’un partenariat euro-africain sur les migrations, ‘sur trois sujets essentiels, capitaux’ : ‘D’abord, le pillage de vos cerveaux. C’est un sujet d’une gravité extrême (…). Le pillage des cerveaux, il convient d’y mettre un terme. Cette situation n’est pas tenable. Il faut éviter le départ définitif des élites africaines’. Mais ‘il faudra qu’on dise également comment remplacer les 250 000 cadres dont la France aura besoin si l’on ne retient pas les élites des pays d’émigration’.
Le second sujet qui tient à cœur le président français, c’est la répression des filières qui entretiennent l’immigration clandestine. Pour lui, ’il est temps que la communauté internationale se mobilise contre cet odieux trafic qui exploite la misère de malheureux qui n’ont d’autres espoirs que dans le départ. Nous devons être plus sévères avec ces esclavagistes des temps modernes qui déshonorent l’humanité’, martèle le président français. Et le troisième volet qui intéresse Sarkozy, c’est ‘le co-développement, la mobilisation des populations migrantes pour le développement des pays d’origine’. On voit que tous ces trois sujets ont un but unique, c’est la lutte contre l’immigration. Ainsi le chef de l’Etat français prépare son mandat à la tête de l’Union européenne qui commence en juillet prochain. Et la politique d’immigration sera au cœur de cette politique.
Les sommets France-Afrique vont être maintenus
Ceux qui ont cru la mort des sommets France-Afrique ou Afrique-France devront déchanter. Parce que Nicolas Sarkozy tient à ces sommets et il l’a martelé devant les parlementaires sud-africains. ‘Je voudrais notamment dire combien je souhaite la poursuite des Sommets Afrique-France’. Avant d’ajouter illico presto : ‘Mais je veux que ces rencontres changent dans leur méthode et dans leur nature. Il est nécessaire de les adapter quant à leur finalité et à leur déroulement. Il est nécessaire de changer les sommets Afrique-France, de changer les méthodes, de changer les objectifs. Leur préparation mérite plus de concertation, les débats gagneront à être structurés différemment, il y a lieu d’ajuster leur périodicité à celle d'autres rencontres, dans le cadre de l’Union européenne ou de la Francophonie. On peut songer enfin à leur conférer un caractère plus concret, tirer des bilans ou formuler des orientations’, explique le chef de l’Etat français. Et dès le prochain qui se tiendra en 2009 au Caire, il propose que la réunion ministérielle de suivi qui précèdera ce sommet soit l’occasion de se prononcer en commun sur de nouvelles modalités.
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