
Le président islamo-conservateur turc Recep Tayyip Erdogan a dénoncé mercredi dans des propos d'une rare fermeté les agissements du groupe jihadiste Etat islamique (EI) en Syrie et en Irak en le qualifiant de "virus" destructeur pour la communauté musulmane.
"Daesh (l'acronyme arabe de l'EI) est un virus destiné à diviser et à détruire l'Oumma (la communauté des musulmans)", a déclaré M. Erdogan lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue irakien Fouad Massoum.
Implication turque
La Turquie a été souvent accusée ces derniers mois pour ne pas s'impliquer suffisamment dans la lutte contre les jihadistes, qui occupent de larges pans des territoires syrien et irakien le long de sa frontière sud.
"Eradiquer cette mouvance"
"Une stratégie internationale est essentielle pour éradiquer cette mouvance. Même si nous parvenons à détruire Daesh, un autre groupe émergera sous un autre nom", a ajouté le chef de l'Etat turc. "D'où viennent ses armes, ses moyens? Nous devons nous concentrer là-dessus", a-t-il insisté devant son hôte.
Soutien aux rebelles
Le régime turc a été à de nombreuses reprises lui-même accusé de soutenir les groupes rebelles les plus radicaux hostiles au régime du président syrien Bachar al-Assad, sa bête noire, y compris le groupe Etat islamique. Ankara a toujours nié ces allégations."Génocide", un mot délicat
Position américaine
"Je n'aimerais pas entendre Obama dire quelque chose comme ça, et je ne m'y attends pas de toute façon. Pour la Turquie, la position américaine est très claire, elle est contre" la reconnaissance du génocide, a déclaré M. Erdogan lors d'une conférence de presse avec le président irakien Fouad Massoum.
Reconnaissance des massacres
La Maison Blanche a appelé mardi à une reconnaissance "pleine, franche et juste" des massacres de centaines de milliers d'Arméniens perpétrés par l'Empire ottoman à partir de 1915, mais elle a comme toujours évité d'utiliser le mot "génocide". "Tout au long de ces six années depuis qu'il (M. Obama) est président, nous avons longuement parlé de cette question et convenu qu'elle devait être laissée aux historiens, pas aux dirigeants politiques", a poursuivi M. Erdogan.
Désaccord sur le terme
La Turquie nie catégoriquement que l'Empire ottoman ait organisé le massacre systématique de sa population arménienne pendant la Première guerre mondiale et récuse le terme de "génocide" repris par l'Arménie, de nombreux historiens et une vingtaine de pays dont la France, l'Italie et la Russie.
Commémorations du centenaire
Le président turc a aussi dénoncé les commémorations organisées en Arménie le 24 avril pour commémorer le "génocide". "Ils vont parler, parler et insulter la Turquie. Nous serons à Canakkale (sur les rives du détroit des Dardanelles: ndlr) ce jour-là, mais l'Arménie n'est pas à notre programme", a-t-il ajouté.
Bataille des Dardanelles
La Turquie célèbre vendredi en grande pompe le 100e anniversaire de la meurtrière bataille de Gallipoli, ou des Dardanelles, qui a opposé d'avril 1915 à janvier 1916 les troupes de l'Empire ottoman à celles de l'Empire britannique et de la France.
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