
La conférence internationale sur la Libye organisée par la France sous les auspices de l’Onu s’est ouverte mardi à Paris en présence des quatre principaux acteurs d’une crise politique qui s’éternise, sept ans après la chute de Mouammar Kadhafi. Le Premier ministre Fayez Seraj, l’homme fort de l’est du pays le maréchal Khalifa Haftar, le président de la chambre des représentants Aguila Salah Issa et le président du Conseil d’Etat Khaled al Mishri sont arrivés à l’Elysée dans la matinée, précédés par l’envoyé spécial de l’Onu, Ghassan Salamé.
La période “impose des décisions, la capacité à rassembler et une volonté de réconcilier en laissant le peuple souverain s’exprimer”, a dit Emmanuel Macron au début de son entretien avec le Premier ministre libyen. “Je crois que votre rôle depuis le début et les responsabilités que vous avez pu prendre à chaque étape ont été décisives”. Au total, une vingtaine de pays - les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’Onu (Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni et Russie), l’Italie, l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Egypte, le Tchad, le Niger, le Congo, la Tunisie, l’Algérie, le Maroc, les Emirats arabes unis, le Qatar, l’Arabie saoudite, le Koweït, la Turquie et Malte - et quatre organisations internationales (Union européenne, Onu, Union africaine et Ligue arabe) devaient être représentés à Paris.
Dix mois après la réunion de la Celle-Saint-Cloud, qui avait réuni les deux frères ennemis libyens, la France espère avec cette nouvelle initiative diplomatique insuffler une nouvelle dynamique en vue de la tenue en toute sécurité des élections présidentielle et parlementaire d’ici la fin de l’année.
ACCORD DE PRINCIPE, RISQUE DE RESSENTIMENT
Parmi les points qui devraient figurer sur le document, la “simplification des institutions libyennes” avec une seule banque centrale et un seul Parlement, un travail d’unification des forces armées dans le pays et un point d’étape sous la forme d’une conférence dans trois mois. Selon Paris, les représentants des quatre principales institutions du pays ont donné leur accord de principe pour s’engager sur un texte commun, ajoute-t-on. “Tous conviennent que le statu quo n’est pas tenable. Si on y arrive, ce sera une étape décisive et une vraie réussite pour les Libyens”.
L’initiative française suscite toutefois des réserves chez les observateurs face aux profondes rivalités politiques qui traversent toujours la Libye. Dans une note publiée lundi, l’international Crisis group (ICG) suggère à la France de ne pas forcement contraindre les quatre dirigeants libyens à signer l’accord et à opter pour “une déclaration de principes sur les étapes politiques, sécuritaires et économiques”. “Cela éviterait de susciter du ressentiment chez les groupes qui ne sont pas représentés à Paris et de saper le processus de paix mené par les Nations unies”, indique le centre de réflexion.
Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse
0 Commentaires
Participer à la Discussion