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De Villiers, le défenseur des militaires dépose les armes

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Démission du Général de Villiers

Pendant les trois années passées à la tête des armées françaises, le général Pierre de Villiers, qui a démissionné de son poste mercredi, aura défendu sans discontinuer une armée "au taquet", sursollicitée sur les théâtres intérieur et extérieur, face aux tentatives de coups de rabot de Bercy. Sa dernière prise de position, prononcée en termes crus à huis clos devant une commission parlementaire le 12 juillet, aura eu raison de ce général de 60 ans décrit comme "discret" et "intègre" et "respecté de tous" en France comme à l'international.

"C'était l'homme qu'il fallait", estime le général Vincent Desportes, ancien directeur de l'Ecole de guerre, aujourd'hui professeur associé à Sciences Po. "Il est le seul au fond, on le voit bien aujourd'hui, à défendre la défense de la France et des Français." "Il a eu raison de dire ce qu'il a dit à la représentation nationale, à huis clos, et il a eu raison de démissionner", ajoute-t-il. "C'est le paroxysme d'un malaise, il y a un malaise depuis très longtemps, on tire sur la corde".

Ce malaise, le général de Villiers n'aura eu de cesse de le relayer ces dernières années, à huis clos comme dans des tribunes publiées dans la presse, plaidant pour une sanctuarisation du budget pour une armée et des équipements à bout de souffle. Dès octobre 2014, cet ancien élève de Saint-Cyr, nommé sous la présidence de François Hollande notamment pour mettre en oeuvre la loi de programmation militaire (LPM), lance son premier cri d'alarme. "Le Prix Du Sang" "Nous payons le prix du sang. Nous attendons une légitime solidarité pour les coûts financiers", déclarait-il devant la commission de la défense de l'Assemblée nationale.

"Il n’y a pas de gras dans nos armées. On attaque le muscle, alors que la situation sécuritaire se dégrade ! C’est mon devoir de vous le dire." Car depuis 2013, la France s'est engagée dans plusieurs opérations militaires - Serval puis Barkhane dans le Sahel, Chammal au Levant, Sangaris en Centrafrique et Sentinelle en France - dans un contexte budgétaire toujours plus serré. De quoi rendre la situation "intenable" pour le chef d'état-major des armées qui décrivait début 2016 une "armée au taquet" et estimait inenvisageable l'ouverture d'un nouveau front.

"C'est un grand soldat, c'est un homme d'une très grande intégrité, d'une très grande exigence avec qui j'ai eu des relations extrêmement fortes", a dit mardi l'ancien ministre de la Défense et actuel chef de la diplomatie Jean-Yves Le Drian sur Cnews. "Il a toujours eu une clarté du verbe qui lui appartient". Catholique pratiquant, ce père de six enfants, frère du fondateur du Mouvement pour la France (MPF) Philippe de Villiers, a notamment servi au cours de sa carrière au Kosovo et en Afghanistan avant de devenir conseiller militaire de François Fillon en 2008 puis major général des armées deux ans plus tard.

Un GéNéRal Respecté De Tous

Pour l'ancienne présidente de la Commission défense de l'Assemblée nationale Patricia Adam, qui l'a beaucoup côtoyé ces dernières années, le général de Villiers est "quelqu'un qui a beaucoup participé aux restructurations du ministère". "C'est un général respecté de tous, à tous les niveaux, c'est quelqu'un qui a assumé en responsabilité et avec beaucoup de courage toutes les décisions qui ont du être prises ces derniers temps avec les Opex et Sentinelle", ajoute-t-elle. Son successeur, Jean-Jacques Bridey, qui appartient pourtant au camp d'Emmanuel Macron, a lui aussi regretté mercredi sa démission imposée selon lui par Bercy.

A sa nomination, dans un entretien à Libération, le général de Villiers avait expliqué vouloir utiliser ce poste "pour aller au contact avec les hommes, me rendre sur le terrain aussi souvent que possible pour discuter avec les uns et les autres." "C'est mon carburant", disait-il, avant le début de son "mandat" au cours duquel il aura multiplié les déplacements auprès de ses troupes sur le terrain, souvent loin des caméras et des objectifs.

Il avait également mis en place un rendez-vous hebdomadaire sur Facebook "Pensées du terrain - Lettre à un jeune engagé". C'est sur ce support qu'il a pris la parole, mercredi, quelques heures seulement après l'annonce de sa démission. "A titre personnel, je reste indéfectiblement attaché à mon pays et à ses armées. Ce qui m’importera, jusqu’à mon dernier souffle, c’est le succès des armes de la France", a-t-il écrit.

Avec Simon Carraud, édité par Yves Clarisse



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