
La colère monte en Russie après l'incendie meurtrier d'un centre commercial en Sibérie. Des milliers de manifestants se sont réunis mardi dans plusieurs villes du pays pour exiger le départ des autorités locales et des réponses à ce drame.
Une journée de deuil a été décrétée en Russie, mercredi 28 mars, trois jours après l'incendie meurtrier d'un centre commercial à Kemerovo, en Sibérie, qui a fait dimanche au moins 64 morts, dont 41 enfants. Issues de secours bloquées, salles de cinéma fermées à clé, système d'alarme en panne, membres de la sécurité incompétents, système anti-incendie défaillant : la liste des "violations flagrantes" relevées par les enquêteurs a suscité l'incompréhension et la colère dans le pays.
Des manifestations dénonçant la "corruption meurtrière" et exigeant une enquête transparente ont eu lieu mardi à Kemerovo, Moscou et Saint-Pétersbourg.
Les premiers résultats de l'enquête ont montré que les dirigeants du centre avaient bénéficié d'une tolérance coupable de la part des autorités locales. Le centre avait pu ouvrir en 2013 malgré des manques constatés dans la sécurité anti-incendie, et était resté ouvert malgré des injonctions faites par le ministère des Situations d'urgence lors d'une inspection en 2016. Enfin, le lieu était officiellement enregistré comme entreprise de moins de 100 salariés, pour éviter d'être trop fréquemment contrôlé.
"N'importe quel homme d'affaires vous dira combien cela coûte de fermer les yeux d'un inspecteur sur les violations, combien cela coûte pour ne pas avoir à dépenser de l'argent dans les alarmes et les issues de secours", souligne le populaire blogueur Ilia Varlamov.
"Qui est vraiment responsable ?"
"L'administration de Kemerovo est impuissante ! Lorsque je les écoute, je suis sous le choc. Ils sont incapables de répondre à nos questions", estime Svetlana Tourtchina sur YouTube où, comme sur tous les réseaux sociaux, l'indignation était palpable.
"Qui est vraiment responsable ?", "Combien de victimes, réellement ?", "Des lampistes vont être condamnés, les rois s'en tireront", pouvait-on lire sur les pancartes des manifestants, parmi lesquels se trouvaient des proches des victimes ainsi que des rescapés.
En visite dans cette ville industrielle de Sibérie de 550 000 habitants, le président Vladimir Poutine a dénoncé mardi une "négligence criminelle" dans cette tragédie.
L'annonce de l'arrestation de cinq personnes, parmi lesquelles des responsables du centre commercial et un membre de la sécurité, n'a pas suffi à calmer la colère des habitants, qui craignent que les vrais coupables ne soient jamais punis et exigent le limogeage des responsables régionaux.
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