
La vaste fraude dévoilée, vendredi, dans
l’examen des élèves-maîtres avec 600 candidats tricheurs épinglés, sonne le
glas d’un secteur éducatif malade de ses scandales répétitifs, les uns plus
burlesques que les autres.
L’éducation nationale, un gros corps malade ! C’est la fraude notée dans le concours de recrutement des élèves-maîtres qui risque de porter le coup fatidique. Sur les 2 545 admis de cette année, 490 l’ont été suite à des falsifications de notes. Les conclusions d’une mission de contrôle de l’inspection interne du ministère de l’Education Nationale ont révélé que plusieurs notes ont été gonflées. Tout est parti de rapports de carence en provenance d’un Centre régional de formation des personnels de l’éducation qui attirent l’attention du ministre de l’Education Nationale, Serigne Mbaye Thiam.
‘’Suite à des informations reçues faisant
état de fraude et d’achat de places dans l’organisation du concours qui me sont
parvenues, j’ai décidé de diligenter une mission de contrôle de l’inspection
interne’’, a déclaré le ministre, vendredi dernier face à la presse. Une
mission qui passera au peigne fin le processus d’organisation du concours et la
manière dont les notes avaient été attribuées. Tout s’est joué au moment du
report des notes données par les correcteurs. En plus de l’exclusion des
candidats soupçonnés de fraude des Centres régionaux de formation des
personnels de l’éducation (CRFPE), le ministre, en attendant d’y voir clair, a
relevé plusieurs agents dans la chaîne de traitement et de délibération des
résultats du concours.
En 2010, Kalidou Diallo fait face à l’affaire
des faux ordres de services
Aussi loin que l’on remonte le temps ces
dernières années, le constat de scandales jalonnant le parcours de ce ministère
reste visible. En décembre 2010, alors que Kalidou Diallo était aux commandes
du ministère de l’Education Nationale, une bande de faussaires avait été
arrêtée le mercredi 15 décembre par la police de Saint-Louis. Les fraudeurs
établissaient des documents administratifs avec l’imitation de la signature du
ministre de l’Education Nationale.
Les escrocs ont établi de faux ordres de
service signés du 26 novembre 2010 et enregistrés sous le numéro 005228.
Plusieurs enseignants ont bénéficié de ces faux papiers. Des ordres de services
qui concernaient la mutation de professeurs vacataires et professeurs
contractuels. Le deal a été décelé par les autorités de l’Inspection d’académie
de Saint-Louis. La police procédera à l’arrestation des enseignants ayant bénéficié de ces documents.
Un
autre scandale intervenu, cette fois-ci, en juin 2012 fait état de près de 54
milliards utilisés pour payer des agents fictifs. C’est un audit du personnel
enseignant effectué par la Banque mondiale qui épingle le ministère de
l’Education Nationale.
2012 la Banque mondiale épingle 5 100 agents,
soit 54 milliards de salaires fictifs
Les résultats de l’audit ont révélé
l’existence de 5100 agents sur la feuille de paie du ministère de l’Education
Nationale qui n’ont pas été identifiés quelque part dans le système éducatif
sénégalais. Les enseignants représentent 144 milliards F CFA alors que le
personnel administratif cumule 42 milliards F CFA. L’audit du personnel
enseignant renseignait qu’environ 28% des dépenses salariales, représentant 54
milliards F CFA, servaient à payer un personnel n’exerçant pas la fonction
d’enseignant.
Comme sanction, l’institution financière
mondiale a exigé la conduite d’un audit exhaustif du personnel et la
suppression des soldes fictives et le redéploiement dans les classes du
personnel inactif. Ces exigences de la Banque Mondiale ont conduit à l’audit biométrique
de la Fonction Publique initié par le gouvernement sénégalais en juillet 2013.
Un scandale d’une grande ampleur allait être
révélé à l’issue de cet audit. Plus de 11 mille agents percevaient des salaires
indûment. L’Education nationale s’est réservé une grosse part dans cette
bamboula avec plus de 3500 enseignants fictifs épinglés. En plus des 865
enseignants qui ont été déclarés malades de longue durée de 1995 à 2012. Au
total, l’audit biométrique de la Fonction publique a permis de faire plus de 15
milliards FCFA d’économie. Autant de fraudes qui font du ministère de
l’Education Nationale une véritable boîte à scandales.
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