
Wade, Idy, Macky, Karim. Toujours les mêmes. Comme si ce « quartet » était la crème de ce que peut offrir le Sénégal, un pays où le débat politique reste cloisonné, depuis l’alternance, entre ces quatre politiciens qui nous pompent l’air. Argent, enrichissement illicite, détournement de deniers publics: voilà à quoi se résume leur apport au débat politique dont ils peinent, grandement, à élever le niveau.
Ancien opposant devenu chef
de l’Etat, la logique et surtout le bon sens recommandent, après le départ du
pouvoir, de démissionner de toute responsabilité politique ; de se
consacrer à la rédaction de ses mémoires. C’est ce que font, sous d’autres
cieux, les anciens hommes de pouvoir qui
ont le sens des responsabilités, de véritables hommes d’Etat qui savent passer
à autre chose et faire le deuil d’un pouvoir perdu. En restant au-dessus de la
mêlée. Savoir se retirer, définitivement. Sortir de l’histoire par la grande
porte. En d’autres termes, éviter de verser dans cette politique politicienne
qui veuille qu’on s’amuse à mettre un pays sous tension, en faisant parader, dans
les rues de la capitale, des milliers de travailleurs à qui on fait perdre du temps, de chômeurs ou de simples
militants à qui on n’a pas offert grand-chose pendant douze ans de règne. Le Sénégal est mal parti
et tout observateur peut en convenir.
Devant l’incompétence de l’équipe dirigeante actuelle héritée de la gestion précédente, un vieil homme nostalgique des bains de foule, a décidé, après deux années d’exil, de se rappeler au bon souvenir de ses compatriotes, pour leur dire combien ils avaient tort d’avoir fait bon usage de leurs cartes d’électeurs à plus de soixante pour cent, pour l’envoyer à la retraite…
Quid de son droit au retour parmi les siens, le droit de jouir de la liberté d’association, de réunion, d’aller et de venir tel que garanti par la constitution ? Des textes de loi que lui-même, alors président, a manqué, lourdement, de faire respecter, s’il n’instrumentalisait les arrêtés préfectoraux pour interdire les marches, les manifestations publiques qu’il a souvent réprimées, avec son lot de morts et de mutilés dont le souvenir hante encore les mémoires. Une pratique que l’équipe actuelle, sous Macky Sall, reproduit à la lettre, dans un excès de zèle, avec l'arrogance en moins. Arroseur arrosé, voilà Abdoulaye Wade qui, au point de susciter le rire, crie à l’injustice sur le toit du Monde, cherchant, manifestement, à ameuter l’opinion internationale.
Mais l’heure n’est pas à la rigolade et Wade ne fait pas rire. Du moins plus maintenant. Il nous faut refuser, tous, que ce pays soit installé dans une campagne électorale avant l’heure, justement ce que cherche l'ancien président qui, même à six mille kilomètres de Dakar, s’est très peu retenu de s’immiscer dans les affaires intérieures de l’Etat. Devons-nous refuser aussi, de cautionner ces débiles interdictions de marche à tout-va, qui ne font que renforcer la suspicion sur un pouvoir frileux, un Etat qui ne s’assume pas, qui affiche ses carences et ses faiblesses lorsqu'il qui opte pour la facilité, à savoir interdire ou réprimer une manifestation au lieu de l’encadrer telle une grande démocratie responsable. Parce qu’ils ont été abreuvés à la source du Sopi, instruits à l’école de Wade, il ne faut donc point s’attendre des membres de l’équipe actuelle, qu’ils respectent le droit élémentaire des citoyens à la libre expression, toujours synonyme, chez eux, de trouble à l’ordre public.
Ils nous pompent l’air, ce vieil homme en particulier à qui il urge de faire comprendre, une bonne fois, que ce peuple qui lui a tout donné, ne lui doit plus rien. Absolument rien. Ni à lui ni à ses fils spirituels ou biologiques qui depuis l’alternance, persistent à s’accuser mutuellement de vol, de détournements de deniers publics, toutes leurs bisbilles tournant de près ou de loin, autour de l’argent : l’argent du contribuable sénégalais. Si ce n’est pas l’affaire des milliards de Taïwan que l’on cherche à étouffer, ce sont les Chantiers de Thiès remis au goût du jour, les fonds politiques ou encore le fameux protocole de Rebeuss dont les acteurs changent de camp au gré de leurs intérêts du moment... Ou encore ces milliards de nos francs traqués à l’étranger, et sur lesquels l’opinion peine à être édifiée depuis deux ans, du fait des maladresses multiples doublées des insuffisances d'une Crei qui se cherche une existence légale.
Trouver le dénominateur commun à toutes ces affaires, l’axe autour duquel gravitent toutes ces galaxies «milliardisées» dans un univers de pauvreté comme le Sénégal, revient à indexer celui qui a enrichi ses plus proches collaborateurs d'hier, assis aujourd’hui sur des Himalaya financières : Abdoulaye Wade qui ne sera pas poursuivi pour crimes économies et politiques. Lui et les siens nous pompent l’air et on se demande bien pour combien de temps encore.

Momar Mbaye
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