
Mamadou Ndiaye, réalisateur du documentaire Crépuscule projeté ce week-end à l’Institut français de Dakar, est catégorique sur l’état du cinéma sénégalais. Pour lui, le 7e art est ignoré par l’Etat qui manque de volonté pour redresser le secteur.
Wal Fadjri : A quoi renvoie le titre de votre film Crépuscule ?
Mamadou Ndiaye : En réalité, j’ai intitulé le film Crépuscule pour m’interroger. Parce que, je considère notre situation actuelle comme étant très difficile, mais pas obscure pour autant. Je sens une certaine lumière qui jaillit, mais qui ne vient pas toujours. J’ai joué sur cette métaphore d’une personne malade qui subit une intervention chirurgicale, qui est entre la vie et la mort. A l’image de cette personne, notre cinéma se trouve dans la même situation. Une situation de renaissance ou de déclin, d’obscurité ou de lumière, de jour ou de nuit. C’est pourquoi, je me suis dit que le meilleur titre est crépuscule qui est cette lumière diffuse qui précède le levé du jour ou qui suit le coucher du soleil. Comme pour dire que cette situation que nous vivons, si tout se passe bien, si notre vœu se réalise, pour moi qui consiste à l’application effective de cette loi votée en 2002, nous vivrons ce jour-là. Sinon, les choses demeureront à l’état ou seront pires.
Etes-vous optimiste quant à l’issue du cinéma ?
Mon cri, je l’ai orienté auprès des professionnels du cinéma et de l’Etat. Je regrette, aujourd’hui vous avez vu, aucune personnalité sénégalaise n’est présente à cette première projection de mon film. Je suis désolé, le cinéma est ignoré. La preuve une loi a été votée en 2002, les décrets d’application pris en 2004, on sera bientôt en 2012 et rien n’a bougé jusque-là. Donc, j’ai envi de dire que je suis optimiste, car il y a des professionnels qui sont là, des talents sont là, on réussit à faire du cinéma grâce au numérique, nos comédiens voyagent, les techniciens travaillent partout en Afrique, etc. Mais malheureusement, avec le comportement de l’Etat, il n’y a pas ce cadre favorable pour nous permettre de nous épanouir correctement.
Qu’est-ce qui bloque aujourd’hui la mise en œuvre de ces lois ?
Ce qui bloque, moi je crois que c’est un manque manifeste de volonté de la part de l’Etat. Sinon du côté des acteurs, chacun se bat par-ci par-là avec ses moyens pour faire vivre le cinéma.
Propos recueillis par F. K. SENE
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