
Trois ans et demi plus tard, rien ou presque rien n’a bougé sous les cieux sénégalais. A cause de la commande publique insignifiante, voire inexistante, les entreprises de menuiserie pataugent dans des copeaux de difficultés.
Il en est des menuisiers comme des tailleurs, agriculteurs, industriels…tous vivent la même situation de crise aggravée par l’extraversion de l’économie sénégalaise.
« La menuiserie est actuellement en train de mourir. Actuellement je peux dire que 90% des ateliers de menuisiers ébénistes et magasins du Sénégal ont disparu », s’alarme-t-il. « Il suffit qu’on fasse un tour à Dakar, pour qu’on se rende compte exactement que la menuiserie n’existe plus » déplorait M. Diop s’offusquant du fait que « malgré les instructions données aux ministres par Abdoulaye Wade et les nombreuses audiences accordées à l’ONP-Bois, rien ne bouge ».
« Il ne faut pas avoir peur de dire la vérité. Quand le président de la République nous a reçus trois fois de suite, il a donné des instructions fermes pour que ses ministres et le gouvernement puissent passer des commandes auprès des menuisiers ébénistes du Sénégal. Il l’a même rappelé lors d’un Conseil des ministres, mais jusqu’à présent rien n’est encore fait ». Ces instructions fermes de l’ancien chef de l’Etat sénégalais datent de 2008.
A son arrivée au pouvoir en 2012, Macky Sall a voulu faire de la production nationale le levier du développement endogène du Sénégal.
Le conseil interministériel du mardi 10 juin 2014 sur la problématique du consommer local et les stratégies à mettre en œuvre pour pousser les Sénégalais à adopter les produits du Sénégal, répond à cette stratégie présidentielle qui entre certainement dans le cadre du Plan Sénégal émergent (PSE).
« Il nous faut dégager des axes stratégiques pour pousser les ménages à consommer davantage les produits locaux», a déclaré Alioune Sarr, ministre du Commerce, de l’Industrie et du Secteur informel, au sortir de ce conseil interministériel présidé par le Premier ministre Aminata Touré qui n’a certainement pas manqué de demander à tous les départements ministériels d’accélérer la cadence pour généraliser le consommer sénégalais.
Pour M. Sarr, «il faut que l'offre soit disponible en quantité et en qualité. Ce qui passe par le renforcement de la matière première dans les industries sénégalaises».
Le consommer local va en effet « permettre aux Sénégalais de se réapproprier leurs cultures à travers ce qu’ils consomment. On associera la créativité locale au développement de ce pays, à l’émergence, en utilisant la capacité à créer des postes nouveaux à travers sa propre culture. C’est cela un peu le rôle de la culture : se décomplexer à travers ce qu’on consomme », indiquait de son côté le ministre de la Culture, Abdoul Aziz Mbaye, prêt à accompagner les artisans à promouvoir, sur le plan national et international, un design, un label authentiquement sénégalais.
Le Premier ministre a pointé du doigt le mal qui gangrène notre artisanat en déclarant : « l’ouverture des marchés résultant de la libéralisation de l’économie a contribué à l’accroissement de la demande et au changement des habitudes d’achat des consommateurs sénégalais qui préfèrent les produits importés aux produits nationaux ».
Poursuivant son analyse, elle a fait remarquer que cette situation économique est provoquée aussi par l’insuffisance de la production locale, à l’origine de fréquentes ruptures de stocks. C’est le cas, disait-elle, des céréales locales que le Sénégal ne produit que dans une proportion de 52 % des besoins nationaux.
Mais loin des discours, il appartient aux autorités de donner l’exemple aux Sénégalais avec des actions fortes, sans démagogie, qui prouvent qu’elles consomment sénégalais et ne font pas que manipuler ce concept.
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