
Par le hasard de la vie, j’ai connu la dame Aissatou Harouna Ndiaye, ex-tutrice de Macky Sall, lors de ses années noires de jeune élève au lycée Gaston Berger de Kaolack ! Je pense même être née sous les yeux de cette dame puisque aussi longtemps que je me souvienne, elle a toujours fait partie du paysage de ma jeunesse. Femme dynamique, débrouillarde, pas froid aux yeux, au moins de cela je me souviens clairement ! Je suis née et j’ai grandi à Kaolack, justement dans ce quartier de Sam où mon père était Directeur d’école. La maman Aissatou était notre voisine et lorsque Macky est arrivé dans le quartier, il habitait chez elle. C’était dans les années 70 !
Aujourd’hui, la dame ne doit pas être loin des 80 ans puisque plus âgée que ma propre mère ! Donc une grand-mère qui n’a certainement plus la fraicheur d’esprit nécessaire pour que ses dires méritent de faire la Une de la presse. L’esprit cependant assez frais pour jeter le pavé dans la mare mais ma conviction est faite que ce n’était pas pour blesser ou vilipender mais d’appeler tout simplement au secours pour ses vieux jours ! N’empêche l’innocence de ses propos, elle d’un autre âge ne s’accommode plus de la réalité qui est la nôtre. Une société super médiatisée et transparente qui fait feu de tout bois ! Elle est certainement dépassée si tant est qu’elle fut un tant soit peu prête à la société moderne !! Car il faut comprendre d’où l’on vient nous tous !
La maman Aissatou Harouna Ndiaye, je garde de bons souvenirs d’elle ! Je lui dois mes scarifications à la tempe ! Elle m’a fait mes gnass ! Par un crépuscule kaolackois dont je ne voudrais plus jamais me souvenir d’ailleurs, elle me lacéra les tempes ! Ce soir-là je servis de cobaye à ma grande sœur qui voulait se faire ses scarifications à la toucouleur mais avait peur ! Téméraire et certainement ne comprenant pas sa peur, j’ai voulu passer avant elle même si je ne voulais guère de ses marques ethnicistes, pour lui montrer que cela ne faisait pas mal ! Dans sa vaste cour, maman Aissatou installa un banc et prit les lames que nous avions achetées ! D’un coup sec, elle me taillada deux fois la tempe droite ! Le sang gicla en même temps qu’elle me retourna et fit de même de l’autre coté! Ma sœur passa après moi mais je n’étais plus très lucide pour savoir comment elle s’en sortait, le sang coulant sur mes joues et tombant en grosses gouttes sur ma robe.
Donc je ne peux l’oublier cette dame ! Elle accueillit Macky Sall chez elle, dans cette pauvreté inouïe qui témoigne de sa générosité car elle n’en avait pas les moyens, mais elle le fit tout de même ! Ces années ont du être les plus dures de la jeune vie du Président.
A l’époque à Kaolack, mon père tenait à ce que tous les enfants du quartier vinssent réviser à l’école le soir puisque certains n’avaient pas de lumière chez eux, étant à la bougie ou à la lampe pétrole. Il faisait ouvrir une classe et tous les jeunes du quartier Sam venaient réviser leurs cours. Macky Sall était tellement assidu que mon père finit par lui confier la clé de la classe de révision. Ils ouvrait et fermait tous les jours cette classe dédiée à cet effet et veillait à ce qu’il n’y ait point d’indiscipline. Comme quoi ! Macky nous serra tant la vis qu’il fallait être à l’heure entre 20h et 22h30 le soir pour réviser et le matin entre 6h30 et 7h30 pour ne pas se voir expulser de la classe de révision, fus tu l’enfant du directeur de l’école ! On le détestait déjà et même nous le maudissions de cette rigueur allemande qu’il nous imposait. Mais à mesure que l’on se plaignait de lui, l’estime de mon père grimpait en flèche et il nous rétorquait à chaque fois, ce garçon ira loin, vous n’êtes que des fainéants ! Macky était déjà le Président de la République de la classe de révision !
Quant à la maman Aissatou, elle ne pouvait guère se douter que son ex-protégé deviendrait un jour le Président de la République de ce pays. Elle l’aurait certainement mieux nourri pour un retour sur investissement plus sûr ! Mais bon !
Si la vérité doit être dite, disons là, Macky n’a pas eu cette vie folichonne chez elle car la dame ne pouvait faire face. Il a eu faim, soif, séparé de ses parents. Comme l’on ne peut tout dire, je donne ma langue au chat… Cependant, puisqu’il faut rendre service à la vérité, je peux le dire, le Président est resté digne, studieux et tout le voisinage l’aimait beaucoup à commencer par mon père. D’ailleurs, Macky le lui rendit bien puisqu’il fit son oraison funèbre en 2006 à l’hôpital Principal de Dakar. Le Président WADE, alors hors de Dakar et apprit la nouvelle du décès de mon père avec qui il avait partagé la même chambre au lycée William Ponty de Sébitokane en 1947, et avec qui il prenait le café à la rue de Thiong dans les années 80 lorsque mon père fut muté à Dakar et qu’il avait ses bureaux en face de son école, il appela Macky Sall alors PM pour lui demander de le représenter et de faire le nécessaire pour que la famille fut assistée ! Comme quoi encore, faut être prudent !
Enfin, si l’objet de cet article était de démontrer que Macky et son frère ont abandonné la maman Aissatou, je le mets sur le compte de l’âge ! Je me refuse à l’idée qu’elle ait voulu être mégère ! Elle ne sait pas ! Je lui connais un tempérament chaud mais un grand cœur malgré sa pauvreté !
Deux choses à retenir en conclusion. Le Sénégal a évolué !
Avant de jeunes personnes étaient déracinées de leur famille pour migrer dans des régions où ils ne connaissaient personne ! Aujourd’hui les lycées et universités se construisent de partout ! C’est déjà l’émergence !
Autre chose, la première dame doit gérer ce genre de problématiques et s’occuper davantage des familles plurielles de son mari pour leur apporter assistance et éviter que par un trop plein d’aigreur elles finissent par éclabousser et ternir l’image de son mari qui n’en demande pas tant !
Plus profondément, retenons que l’ascenseur social fonctionne au Sénégal ! Macky Sall a vécu l’enfer et s’est extirpé de cela par la volonté et les études ! Pour aller chez la maman Aissatou Harouna Ndiaye, il fallait longer la belle villa de Bethio Thioune, alors administrateur civil, en costard et cravate, les bougainvillées les protégeant surement de la diligence et de la fureur externes…mais n’empêchant certainement pas à son épouse Mbossé Diouf d’être généreuse avec les enfants du quartier, distribuant bonbons et biscuits sans limite. Sa fondation existe dans nos esprits même si absente dans les faits !
Enfin, n’eut été cet article de l’Observateur, je me garderais bien de parler de ce passé mais puisqu’il faut des témoins j’en suis une par la force des choses ! Par égard pour la République, je me garderai bien de dire ce que le Président a vécu et souffert ! Mais tout est bien qui finit bien, n’est ce pas ?
Oumou Wane
Présidente africa7
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