
Il est clair quenous avons TOUS le devoir de nous engager pour notre propre développement.C’est une urgence ! Il est même très urgent que le citoyen s’implique et s’approprie les questions de développement durable.Mais est-ce qu’il existe des cadres qui permettent et facilitent la participation ou le positionnement du citoyen dans les processus de développement durable ? Est-ce que nos modes et modèles de gouvernance laissent une vraie place au citoyen ? Est-ce que Fatou ou Abdou, deux jeunes qui rêvent d’un cadre d’expressions de leurs besoins peuvent espérer une réelle prise en compte de leurs points de vue et préoccupations de jeunesse d’ici 2030 ?
J’aurai bien aimé répondre positivement à Fatou et Abdou, les rassurer... Mais ne nous voilons pas la face ! Rien que pour une implication « sincère » de la société civile, nos limites en matière de gouvernance s’affichent au grand jour. Mais ça, c’est à un autre niveau de gouvernance… Nous en reparlerons. Et il n’y a pas d’inquiétudes. Une nouvelle génération de gouvernants véritablement prompts à une gouvernance sobre et vertueuse en assurera l’effectivité. Très bientôt même !
Mais, en attendant, nous pouvons au moinsavoir ces moments d’interactions au sein de nos collectivités territoriales. Fatou et Abdou peuvent agir et exiger de meilleures approches de gouvernance à leur maire. Ils peuvent exiger la tenue de conseils de quartiers dans n’importe quelle commune à Dakar ! Les maires ont l’obligation d’impliquer et de rendre compte à leurs populations ! On ne peut pas parler de durabilité si les populations ne sont pas au début et à la fin des processus de gestion des questions et problématiques locales de développement. On ne peut gérer les inondations que nous vivons dans nos villes sans associer les citoyens dans la réflexion et même dans la prise de décisions, mêmes celles budgétaires.
La gouvernance, surtout celle territoriale, teintée de participation citoyenne et d’inclusionsociale,est aujourd’hui un levier incontournable pour se développer et même durablement. Et pour que ce développement soit durable, il faut impérativement mettre Fatou et Abdou au cœur des processus. Il faut que toutes les catégories de la population soient associées aux différents processus de développement enclenchés sur leurs territoires, là où ils ont un vécu, voire un attachement culturel et social.
D’après l’Agenda 2030, 17 condiments (oups !... Objectifs de Développement Durable - ODD) sont nécessaires pour faire une bonne sauce «développement»dont toutes les populations du monde pourront se délecter à vie. Malheureusement, au Sénégal, l’épice gouvernance est encore faiblement incluse dans les condiments de la «sauce» développement durable. Elle n’est pas systématiquement associée à la formulation de nos politiques publiques de développement. Alors que tout est question d’Humain, ici. Les territoires sont gérés par des Hommes. La nation est gouvernée par un Homme (ou une Femme ?). Donc cela coule de source que si ces Hommes qui gèrent la cité ont une philosophie et un comportement qui intègrent la bonne gouvernance, nous n’aurons peut-être plus besoin de lobbies qui nous imposent leurs logiques et intérêts. C’est-à-dire simplement avoir une gouvernance qui vise un développement durable de tous les territoires, sans exclusion ou marginalisation, une gouvernance qui replace l’Humain dans toutes ses dimensions au cœur des programmes et projets.
C’est établi. La bonne gouvernance doit être à la base de toute lutte contre la pauvreté (même contre la corruption). Nous ne pouvons prétendre aux valeurs de redevabilité ou de transparence sans pour autant songer à mettre en place des mécanismes de gouvernance efficaces, qui répondent aux besoins prioritaires des populations. Les gouvernants ne sont payés que pour ça d’ailleurs ! Fatou et Abdou ont besoin d’institutions «SMART», d’institutions fortes et efficaces. Etre transparentes dans leur gestion est un bon point, certes, mais il faut, en amont, que les orientations budgétaires soient moins politistes et plus sociales.
La demande est là, bien imposante et nos dirigeants devraient en avoir peur… D’ailleurs un homme avertit en vaut combien au Sénégal ? Juste une question de réflexion entre amis… Le plus important c’est qu’on s’accorde sur le fait que la performance de nos institutions publiques ou territoriales est capitale pour sortir durablement de cette pauvreté.
Mes chers amis, faisons un peu de maths… D’ici 2030,Institutions fortes plus Citoyens engagés et impliquéségale meilleure qualité et meilleur cadre de vie sain pour Fatou et Abdou ! A bon entendeur…
Mame Aïssatou Mbaye
Chargée de projet à Enda Ecopope
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