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Nous sommes les complices des prédateurs des biens publics

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Nous sommes les complices des prédateurs des biens publics

J’ai manqué de pouvoir me retenir après avoir lu l’article titré « Rapport provisoire de la Cour des comptes – Comment l’état a aidé Cheikh AMAR à se sucrer » (Quotidien la Tribune, n 1278 du vendredi 22 janvier 2016) tellement les faits qui y sont relatés sont graves et à cause de l’amertume que m’a causée le fait de soudain découvrir que nous sommes entrain de devenir mortellement dangereux pour notre pays et notre peuple à force de supporter que d’entre nous certains continuent de se comporter comme des fauves face à un troupeau d’herbivores, en passant le temps à piller les biens publics et particulièrement en s’attaquant à toutes les terres dont dépend la survie de toute la communauté nationale sénégalaise. En effet, ces faits sont graves à causes de leurs conséquences sur les conditions de vie des populations et à cause de leur nature criminelle et donc du fait qu’ils sont répréhensibles au regard de la loi. Mais ils le sont aussi à cause de la qualité de chacun de leurs auteurs et des complices de leurs auteurs.

Il est question dans cet article de quelques affaires foncières dans lesquelles sont impliqués des services de l’état et de l’attitude de fonctionnaires souvent très haut placés qui s’adonnent à des manipulations de la nature de celles qui ont perdu l’ancien directeur du cadastre, Monsieur Tahibou NDIAYE. Des affaires graves comme celles qui ont déclenché le conflit opposant les populations de Tivaouane Peulh à la société SIPRES et à l’ONG Mosdahir International et elles le sont suffisamment pour illustrer à quel point certains agissements risquent de conduire à des conséquences pouvant dépasser celles de l’affaire des terres de Fanaye. Et cela est d’autant plus probable que les causes de ce conflit de Tivaouane Peulh pourraient prochainement resurgir du désordre de la mise en route déjà annoncée des projets d’aménagement de zones urbaines au Lac rose, à Déni Biram Ndao, à Gorom et à Diamniadio. Tous ces projets n’étant qu’une manière détournée de récupérer ce qui reste de terres inhabitées dans la région de Dakar. Autrement dit, une prédation savamment orchestrée par des politiciens en quête d’argent facile, des fonctionnaires véreux, des hommes d’affaires sans scrupules et toutes les hordes de courtiers voraces qui hantent les couloirs des ministères. 

La loi est le principal instrument de cette prédation, celle qui s’applique au domaine du foncier étant inappropriée parce que ses initiateurs n’ont pas tenu compte des réalités qui ont précédé son avènement et parce qu’elle se prête à toutes les combines qui permettent d’exproprier les populations sans aucune autre forme de procès. Les choses sont ainsi depuis longtemps et il est certain que nous n’en serions pas là aujourd’hui si les politiques foncières qui ont donné naissance à la loi sur le domaine national avaient pris en compte la nécessité de protéger les populations en garantissant leur droit de disposer des terres sur lesquelles elles vivaient et en aménageant les meilleurs conditions de leur valorisation par ces derniers. Cette situation a toujours était plus ressentie dans la région de Dakar que partout ailleurs au Sénégal. Et à force d’être ballottées par des administrations insensibles à leurs préoccupations et réprimées par une justice limitée, les communautés lébous se sont retrouvées dans l’obligation de négocier des arrangements avec des fonctionnaires et des élus locaux pour sauver ce qui peut l’être de leurs biens fonciers. 

Autrement dit, en dépossédant les populations de leurs terres, la  loi sur le domaine national est devenue l’arme de toutes les bandes de trafiquants de parcelles à usage d’habitation et donc de sites à transformer en champs de béton avec des bâtisses de piètre qualité souvent. Ainsi, les faits en question sont dangereusement graves parce qu’ils permettent à des individus de s’enrichir à coup de milliards de francs d’un jour à un autre, comme par miracle. Et les affaires concernant les sieurs Papa Cheikh Amadou AMAR et Ndiégne FALL  relèvent de la catégorie de faits qui doivent être dénoncés et combattus à cause de leurs conséquences nuisibles. C’est pour démontrer le bien fondé de ce point de vue que nous passons par leur analyse rapide afin de mettre en évidence ces conséquences et les responsabilités des personnes concernées par chacune des affaires en question.

Dans le courant du mois d’octobre 2009, la caisse des dépôts et consignations a acheté auprès du nommé Papa Cheikh Amadou AMAR un ensemble immobilier d’une superficie de 56.850 m2 et situé aux Mamelles, à 9 milliards 96 millions de francs. Et elle a réglé une partie de la transaction égale à 5 milliards de francs, au moyen d’un emprunt bancaire nanti d’un dépôt à terme, alors que cette dépense n’avait pas été prévue par le budget qu’elle avait fait approuver le 24 mars 2009 par le Ministre de l’économie et des finances de l’époque, Monsieur Abdoulaye DIOP. Or, la Caisse des dépôts et consignations (CDC) fait partie des organismes étatiques régis  par le décret n* 2011-540 qui stipule à son article 6 que toutes les opérations financières  des organismes qu’il concerne doivent être prévues à leurs budgets ou comptes prévisionnels et qu’aucune opération financière ne peut être exécutée si elle n’a pas été prévue, élaborée et autorisée dans les conditions fixées par le dit décret. Voilà donc pourquoi il est permis d’affirmer sans aucun risque que l’ex Ministre de l’économie et des finances et la Caisse des dépôts et consignations ont ensemble enfreint le règlement pour faire passer cette opération. 

Le 10 octobre 2010, le fameux terrain des Mamelles fut revendu par la CDC  au même Cheikh Amadou AMAR qui l’a ensuite rétrocédé à la société d’études, de réalisations et de constructions (SERC) dont le capital est détenu à 60% par lui et à 40%, par la Caisse des dépôts et consignations. Et comme par hasard, cette société est née juste 13 jours avant la rétrocession du terrain par la CDC au sieur AMAR. Plus encore, il s’est trouvé que cette même société n’était qu’un leurre, c'est-à-dire une société fantôme dont l’administrateur général adjoint en l’occurrence, Monsieur Ibrahima THIAW n’aurait jamais rencontré l’administrateur général qui n’est autre que 

Monsieur Cheikh Amadou AMAR.

Pire encore, la société fantôme en question a bénéficié de la mise à disposition par la Caisse des dépôts et consignations d’un montant de 5 milliards de francs au titre de l’avance en compte courant actionnaire pour les besoins de trésorerie ou en fonds de roulement. Il a été noté par les contrôleurs de la cour des comptes que de ces fonds, 4 milliards 732 millions 432 mille 500 francs ont été décaissés à la demande du seul administrateur général, Monsieur Cheikh Amadou AMAR à qui ce coup a permis de gruger l’état d’environ 20 milliards de francs.

Comme dopé par le succès d’entreprises de cette nature, la Caisse des dépôts et consignations avait aussi porté sa combine  à Bambibor en se faisant accompagner par Iris-Eco, une société Malaisienne très introduite dans les coulisses des ministères du Sénégal. Là aussi, elle s’était lancée dans des opérations d’achat de terrains et la demande d’attribution qu’elle formula pour l’acquisition d’une assiette foncière de 100 ha fut rejetée par la direction générale des impôts et domaines dont le patron d’alors était l’actuel Ministre de l’économie et des finances, Monsieur Amadou BA.Ce fait a eu lieu le 18 mars 2010  et huit (8)jours après, plus précisément, le 26 du même mois, la direction générale des impôts et domaines céda un terrain de 175 ha à un certain Ndiégne FALL qui alla aussitôt en revendre une partie mesurant 100 ha à la Caisse des dépôts et consignations à raison de 6.000 francs le mètre carré que l’état lui avait vendu à 1.750 francs avec des facilités très larges. Cette opération lui permit ainsi de réaliser sans bouger une plus value de 4 milliards 250 millions de francs sur le dos de tous ses compatriotes. 

En reproduisant ainsi qu’il précède la substance des affaires rapportées par l’article du quotidien la Tribune du 22 janvier 2016, le but visé était de montrer que les objectifs recherchés par les auteurs des faits qu’il a relatés étaient de faire affluer d’importantes sommes d’argent à quelques endroits afin de s’en approprier en dehors de tout motif régulier, comme le font partout sur la terre les malfaiteurs que les polices pourchassent et que personne ne respecte. Et cela veut autrement dire qu’en règle générale, tous ceux qui, comme les sieurs Cheikh Amadou AMAR et Ndiégne FALL, usent de manœuvres frauduleuses quelconques pour endormir la vigilance d’autres personnes afin de mettre la main sur leurs biens, sont  logés dans la catégorie des délinquants et traités comme tel parce qu’ils ont enfreint la loi. Il se trouve malheureusement que la loi n’est pas entrain d’être s’appliquée de la même manière à tous les citoyens qui n’en  respectent pas les prescriptions et c’est ce qui explique que certaines personnes passent leur vie à commettre des faits répréhensibles sur le plan pénale sans jamais être inquiétées. Les informations relatées dans le rapport provisoire de la cour des comptes sont clairs et suffisantes, ne serait ce que pour justifier l’ouverture d’une enquête en vue de réunir des preuves pouvant permettre de motiver une décision de poursuites judiciaires. Et pour bien moins que ces informations, des enquêtes sont ouvertes contre d’autres citoyens et relativement à des faits moins graves qui risquent de les conduire en prison.

Il est temps que s’arrête cette injustice criarde qui nous interpelle tous. Ceux qui continuent de se retrouver dans les caniveaux de la société et enfermés dans les prisons pour un tour de magie à 500 francs n’ont pas moins d’importance devant la loi que ceux qui pillent impunément les biens du peuples. En effet, la plus part de ceux qui croupissent dans les prisons et qui souffrent de leur surpeuplement actuel sont des trafiquants des rues,  des voleurs à la sauvette ou des escrocs très ordinaires. Et très souvent, compte tenu du caractère modeste des préjudices que leurs comportements ont entrainés, il est juste d’affirmer  qu’ils sont moins dangereux pour la société que ces autres délinquants qui s’accaparent des biens publics, particulièrement ceux qui le font à l’occasion de l’exercice de leurs fonctions, mais aussi tous les complices de ces derniers qui sont souvent des hommes d’affaires comme Cheikh AMAR ou Ndiégne FALL, des intermédiaires ou des courtiers tirant profit des faiblesses de tous les autres.

Les sales affaires d’argent ont depuis longtemps discrédité la classe dirigeante du Sénégal parce que le commun des citoyens n’en peut plus de subir la misère d’une génération à une autre pendant que sous ses yeux s’étale quotidiennement l’opulence de gens qui n’ont de mérite que le fait d’être de l’entourage du pouvoir politique. Et parce qu’il a appris que les choses ne se passent pas de la même sorte dans tous les autres pays du Monde en voyant la justice française convoquer l’ancien président SARKOSY, un premier ministre d’Israël condamné à 18 mois de prison ferme, une princesse d’Espagne répondre à une convocation de la justice de son pays à cause de fautes qui sont reprochées à son époux et la présidente du Brésil se débattre pour échapper à des poursuites judiciaires. 

Ceux qui savent lire et comprendre les articles des journaux sont les principaux responsables de la perpétuation des comportements de toutes les personnes qui profitent de leurs fonctions pour s’enrichir honteusement. Parce qu’ils se sont toujours abstenus de réagir malgré les pillages des biens publics qui s’étalent sous leurs yeux et toutes les injustices dont ils sont témoins quotidiennement. Et ils le sont à cause de cette passivité coupable et de leur manque d’engagement citoyen et patriotique. 

Le Sénégal est notre bien commun le plus précieux et nous devons y refuser toutes les formes d’injustices. C’est pour cette raison que nous devons faire face parce qu’il est temps que les choses changent définitivement. Mobilisons nous pour défendre les causes justes et battons nous contre la malhonnêteté sous toutes ses formes, l’hypocrisie et l’égoïsme au  risque d’être en désaccord avec tous ceux qui craignent les changements. 

Cheikhna Cheikh Saadbou KEITA

Commissaire de Police à la retraite



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