Lundi 10 Mars, 2025 á Dakar
Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Contribution

Nioro du Rip - Le village de Diamaguene demande au Président Macky Sall d'arrêter les chinois de Sino Hydro (lettre ouverte)

Single Post
Un Paysan Sénégalais - image d'illustration

Monsieur le Président de la République, nous, populations du village de Diamaguène situé dans le département de Nioro du Rip, arrondissement de Paos Koto, Commune de Darou Salam, région de Kaolack, vous saisissons à travers cette lettre ouverte pour vous informer de la forfaiture dont nous sommes victimes et demandons votre intervention.


LES FAITS


Le privé chinois, après avoir été payé sur les ressources financières nationales, convoite nos ressources naturelles déjà vulnérables. Après avoir été choisi pour construire la route Dinguiraye-Keur Ayip dont vous aviez lancé les travaux en avril 2015, l’entreprise chinoise Sino Hydro convoite un site situé dans la vallée de notre village pour l’extraction de sable. Ce site se trouve, plus précisément, sur la seule piste de production qui dessert plus de 90% de nos champs. Alors que l’agriculture, et dans une moindre mesure l’élevage, sont les seuls moyens de subsistance des populations.


Le Maire intérimaire de la commune de Darou Salam foule au pied les droits et intérêts des communautés. Trois consultations organisées en juin (15, 23 et 25 juin) par le Maire intérimaire, Monsieur Abdoulaye Ndour (puisque le Maire titulaire était absent du territoire national depuis avril 2015 et n’est rentré qu’en fin aout), puis l’entreprise chinoise elle-même ont permis de faire dire au Maire intérimaire que « 90% des villageois sont contre l’ouverture de cette carrière. Je vais le documenter sous forme de rapport ». Le 06 juillet, contre le cours des choses, le Maire convoque une réunion pour affecter des terres à des fins d’extraction de sable.


Les populations ont sollicité en vain l’intervention des autorités de l’administration territoriale. Les évènements du 02 juillet ont poussé les populations à constituer un comité de défense des droits et intérêts des populations du village de Diamaguène. Cette structure initia une série de rencontres avec les autorités étatiques aux niveaux local, départemental et régional.  Ainsi, le 06 juillet, le comité rencontra très brièvement (contrairement à ce qu’il souhaitait) le Sous-préfet et le Préfet à qui ils remirent une lettre détaillant les raisons de leur opposition et sollicitant leur intervention. Le 07 juillet, le comité se rendit à Kaolack pour rencontrer le Gouverneur de la région de Kaolack, le Directeur régional de l’environnement et le Chef du Service régional des mines. Au même moment, un membre du Comité s’est rendu à la Brigade de gendarmerie de Nioro du Rip et y déposa une lettre pour le Chef de Brigade. Ainsi, à chacune de ces autorités, le comité a remis la lettre expliquant le contentieux et donnant les raisons de l’opposition des populations. En lieu et place de la visite des autorités étatiques que les populations attendaient, elles reçurent des allégations infondées disant qu’elles sont des opposants à votre régime. Or, le Comité comprend tous les partis politiques (mouvance présidentielle et opposition). Mieux, le Président du Comité, Abdou Aziz Sall, est un militant actif de l’APR. Il a été le premier, au village, à acheter la carte de membre de l’Alliance pour la République (APR), et vous a reçu au village lors de vos tournées effectuées entre 2008 et 2012.


Le privé chinois vole les ressources et viole les Lois de la République sous le nez des autorités étatiques de la localité

Le 02 juillet, sans aucune autorisation, le chinois commence les opérations d’élargissement de la piste d’accès au site. Dans la foulée de ces travaux de terrassement, il a détruit les champs des cultivateurs en déplaçant, par endroits, la piste au milieu de certains champs des populations, faisant ainsi perdre des hectares de terres cultivables aux paysans du village. Le 10 juillet, en l’absence d’un document légal autorisant l’ouverture d’une carrière, le chinois commence l’extraction de sable. Les villageois descendent sur le site pour l’expulser. La gendarmerie mise au courant par le Maire et le Chef de village pour qu’elle arrête les populations, intervient et expulse le privé chinois pour défaut d’autorisation légale. Moins d’une semaine après cet incident, le Sous-préfet de Paos Koto, M. Thiam, qui n’a jamais mis les pieds au village pour intervenir sur la question malgré les risques d’affrontement et de trouble à l’ordre public, approuve la délibération de la Mairie. Conformément au Code des collectivités locales, les citoyens demandent de disposer de l’arrêté approuvé par le Sous-préfet et qui permet selon les autorités au chinois d’extraire du sable. Le Maire a jusqu’à aujourd‘hui confisqué l’arrêté de délibération, refusant même de l’afficher, violant ainsi le code des collectivités locales.


Une interprétation tendancieuse du Code des collectivités locales et un mépris du Code minier

Après l’approbation par le Sous-préfet de la délibération du conseil municipal de la commune de Darou Salam sur l’ouverture de la carrière de sable, l’autorité administrative ordonne à la gendarmerie de faire appliquer l’arrêté et d’arrêter toute personne s’opposant à l’exécution de l’arrêté d’extraction du sable qui est illégal. En effet, l’approbation par le Sous-préfet de la délibération du conseil municipal ne donne aucun droit d’extraction de sable. L’extraction de sable est en effet régie par le Code minier, et à ce titre, n’est pas une compétence transférée, mais plutôt détenue par le Ministère des mines, par le biais de la Direction des mines et de géologie. 


Malgré l’absence de ce document devant être délivré par le Ministère des Mines, le vendredi 18 septembre 2015, la gendarmerie de Nioro du Rip, sur ordre de l’autorité administrative, escorte le chinois afin de lui permettre de prélever du sable, ce qui, pourtant, a engendré déjà des dommages environnementaux et économiques difficilement réparables parce qu’on est dans un milieu écologiquement fragile. 


Cette même gendarmerie a arrêté ce 20 octobre 2015 des habitants du village parce qu’ils se sont opposés à la destruction de leur piste de production par les camions d’un privé local engagé par le chinois.


UN MILIEU PARTICULIEREMENT FRAGILE, DEJA SOUMIS A DES MODIFICATIONS ENVIRONNEMENTALES IMPORTANTES ET RAPIDES


Le site convoité se situe dans une vallée et est le réceptacle des eaux pluviales de trois (03) micro bassins versants. Le site correspond ainsi au talweg de cette vallée, et sous ce rapport, reçoit la plus grande quantité d’eau de ruissellement provenant des trois (03) micros bassins versants. L’accentuation, ces neuf (9) dernières années, des pluies extrêmes et du phénomène de ruissellement, de l’érosion hydrique et de son corollaire le ravinement a modifié significativement la biodiversité du site. Le site est entouré de ravins aux formes spectaculaires qui peuvent atteindre des profondeurs de deux (2 m), représentant un danger permanant pour les villageois et surtout leurs enfants. Les eaux de pluies qui s’accumulent et stagnent de plus en plus longtemps dans le talweg ont entrainé la mort de plusieurs espèces végétales. Aussi, ces eaux pluviales, stagnant pendant presque toute l’année, ont annexé quatre (04) des cinq (05) pistes de production menant au plus vaste domaine agricole du village. C’est sur la seule piste restante que le privé chinois a installé sa carrière avec l’appui de la Mairie et des autorités administratives.


Une initiative républicaine du Ministre de l’Industrie et des Mines, restée sans suite jusqu’à ce jour

Saisi, le Ministre des Mines a envoyé, le 08 septembre, une mission d’experts pour visiter le site convoité. Après une visite guidée dans le site, ces derniers ont déclaré qu’il n y a pas de carrière de sable légale et que toute ouverture de carrière suivra la procédure définie par les codes minier et de l’environnement, c’est-à-dire qu’il y aura une étude d’impact environnemental et social ou tout au moins une analyse environnementale qui recueillera l’avis des populations, compte tenu de la fragilité environnementale du site surtout. Il faut préciser qu’aucune étude d’impact encore moins une analyse environnementale n’a été faite sur le site. Malgré la déclaration des experts du Ministère des Mines le 09 septembre, le privé chinois, sur soutien des autorités étatiques locales, continue toujours d’extraire du sable.


LES CONSEQUENCES DES FAITS


Sur le court terme, voici les dommages déjà enregistrés :


Un vandalisme des cultures de mil et d’arachide. Avec leurs derniers passages, les engins du chinois ont écrasé les cultures de mil et d’arachide, en période de floraison. 


Destruction de la seule piste de production qui dessert 90% des champs du village. Aussi, la principale piste de production a été considérablement détruite à cause de la fréquentation des engins du chinois sur cette piste sableuse et parfois boueuse. Ce qui cause présentement beaucoup de difficultés aux paysans à accéder à leurs champs, sachant que beaucoup d’entre eux utilisent des charrettes tractées par des ânes.


En cette période de récolte, les camions ont tellement détruit la piste que les paysans ont de la difficulté à transporter les récoltes de mil chez eux. Aucune charrette ne peut utiliser la piste et il y a un risque que les cultures vont pourrir dans les champs.


Des conséquences irréparables sur les moyen et long termes :


Disparition de la principale piste de production. Cette ouverture de carrière aura sur les moyen et long termes comme conséquence la disparition de la piste de production. En effet, la zone est caractérisée par une pente assez forte et des sols peu profonds et peu perméables. Du coup, le ruissellement est très important. Avec les empreintes des passages des engins du chinois, l’actuelle piste disparaitra en se transformant en ravine.


Expansion des superficies, multiplication et élargissement des ravines et perte de terres cultivables.
L’ouverture de cette carrière de sable accroitra l’érosion déjà très active des sols fertiles. Les ravines vont par voie de conséquence se multiplier et s’élargir, augmentant le danger pour les populations et pour le bétail. En outre, l’extension des surfaces soumises à l’érosion hydrique et celle des ravines conduiront directement à la baisse des superficies de terres cultivables.


Ablation de la couche fertile du sol et baisse de la productivité agricole.
L’érosion hydrique enlève la couche fertile et laisse apparaître la roche mère, qui est inculte. Cette conséquence se traduira par la baisse de la productivité agricole.


Destruction de l’écosystème dans la vallée.
Une carrière se traduisant par des excavations larges et la modification de l’écosystème en raison de la fréquentation des camions et autres engins, on assistera à une destruction de la végétation, des sols et des autres éléments de la biodiversité.


Pollution du sol et des eaux de la nappe et dégradation de l’état de santé des populations et des animaux.
L’accentuation du phénomène d’érosion hydrique favorisée par l’ouverture de la carrière va entraîner une pollution des eaux stagnantes et celles de la nappe. En effet, les produits chimiques (engrais, pesticides et herbicides) utilisés dans les champs situés dans les plateaux seront drainés par les eaux de ruissellement et déposés dans la vallée. Même le sable convoité n’est pas à l’abri de cette pollution par les produits chimiques agricoles.


Des conséquences socio-économiques graves. Toutes ces conséquences environnementales se traduiront par des conséquences socio-économiques graves. La baisse des superficies exploitées en entraînant celle de la production agricole va accentuer l’insécurité alimentaire et de la pauvreté, sachant que l’agriculture est le seul moyen de subsistance des villageois. La pollution des eaux stagnantes et des sols va affecter la santé des populations et celle du bétail.


Monsieur le Président de la République, le village fait face à une coalition du chinois du Maire et surtout des autorités de l’administration territoriale qui sont d’un soutien important à ce projet illégal et aux conséquences désastreuses pour les paysans. 


Nous vous adressons cette lettre pour demander votre intervention diligente auprès des autorités de l’administration territoriale, qui brandissent l’argument contestable de la nécessité de mettre en œuvre le PSE. Nous soutenons activement la mise en œuvre du PSE, mais sommes convaincus que le PSE n’a pas comme objectif d’ôter les droits des populations au profit de ceux d’un privé étranger. 


Notre compréhension du PSE fait que justement au nom du PSE, un tel projet doit être annulé. En effet, plutôt qu’une carrière de sable, la zone a besoin d’un plan de lutte contre l’érosion hydrique qui réduit inexorablement les superficies de terres cultivables.




Le Bureau du Comité 
Abdou Aziz Sall, Président (77 539 0061)
Dr. Aliou Diouf, Secrétaire général, (77 545 7068)
Aminata Diouf, Conseillère municipale, membre
Moussa Thioye, Conseiller municpal, membre



0 Commentaires

Participer à la Discussion

  • Nous vous prions d'etre courtois.
  • N'envoyez pas de message ayant un ton agressif ou insultant.
  • N'envoyez pas de message inutile.
  • Pas de messages répétitifs, ou de hors sujéts.
  • Attaques personnelles. Vous pouvez critiquer une idée, mais pas d'attaques personnelles SVP. Ceci inclut tout message à contenu diffamatoire, vulgaire, violent, ne respectant pas la vie privée, sexuel ou en violation avec la loi. Ces messages seront supprimés. --
  • Pas de publicité. Ce forum n'est pas un espace publicitaire gratuit.
  • Pas de majuscules. Tout message inscrit entièrement en majuscule sera supprimé.
Auteur: Commentaire : Poster mon commentaire

Repondre á un commentaire...

Auteur Commentaire : Poster ma reponse

ON EN PARLE

Banner 01

Seneweb Radio

  • RFM Radio
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • SUD FM
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • Zik-FM
    Ecoutez le meilleur de la radio

Newsletter Subscribe

Get the Latest Posts & Articles in Your Email