Lettre d’un citoyen déçu : Président, pardon d’avoir cru en vous?!

Président pardon?! Pardonne-nous d’avoir surtout cru en vous. Le 25 mars 2012, dépités par le pouvoir libéral qui avait mis le pays à genou, nous avons vu en vous cet homme messianique. Celui-là qui allait nous délivrer de la boulimie et l’arrogance libérale. Le « Wax Waxeete » du Président Wade nous fut insultant. Mais nous avons encaissé. Car nous étions sûrs que vous alliez laver cet affront. Les détournements de deniers et la dilapidation de nos maigres ressources nous exaspérèrent, mais Monsieur le Président, nous avons encaissé. Car, on s’est dit, Macky viendra. Et tout ne sera que de vilains souvenirs. Les coupures d’électricité, la crise scolaire, la cherté de la vie, l’arrogance des libéraux, nous avons tout encaissé et réuni toute cette colère bouillonnante dans l’ultime sanction que nous abattîmes sur Wade le 25 mars 2015. Nous le balayâmes et vous avons confié le pouvoir. Nous vous payons assez grassement Monsieur le Président, à partir de nos maigres ressources, issues des impôts que nous arrivons si difficilement à honorer. Ce, pour que vous changiez nos vies, Monsieur le Président, rien qu’en tenant vos promesses. En vous, nous avions vu le sauveur. Nous vous avons donné la clé de la boîte. Et nous ne fûmes pas déçus, monsieur le Président.

Président en quelques mois, vous avez baissé le prix du loyer, diminué l’impôt sur les salaires, pulvérisé les coupures d’électricité. Oh Président?! Qu’est-ce qu’on a jubilé. Qu’est-ce qu’on a dansé à la mielleuse musique de vos mesures de baisse. Et nous en avons même oublié le sens de la réalité, qu’un larsen, nommée « transhumance », parviendra fort difficilement, à réveiller en nous. Présidents, nous fûmes écœurés par votre bienveillante bénédiction à l’endroit de la transhumance, mais, pardonnez-nous d’avoir pensé que vous alliez rétablir la dignité, la « rupture » dans la pratique politique. Pardonnez-nous, Président, d’avoir naïvement oublié, dans l’euphorie de vos quelques mesures sociales, que vous restez un « politicien ». Car, Président, le réveil a été brutal ce mardi 16 février quand vous nous annonciez que votre promesse ne serait plus tenue. À la tombée de la nouvelle, le diner a dû avoir un gout amer dans la bouche beaucoup de Sénégalais.

Ils vous avaient cru Président. Vous étiez leur Zorro, leur super héros. Celui qui allait rétablir leur confiance. Vous aviez pourtant promis Président. Nous vous avons cru. C’était une promesse entre vous et nous. Un pacte entre un peuple abusé et son président. Un peuple insulté par son ancien président qui a osé l’outrecuidance de lui dire « Mako Waxon Waxeet ». On nous avait pourtant prévenus président. Mais nous avons refusé d’écouter ce que nous appelions les « oiseaux de mauvais augure ».

Et pourtant, Monsieur le Président, Dieu sait que votre peuple aurait parfaitement pu vous comprendre, si, en toute sincérité, vous lui aviez dit que les 5 ans étaient trop courts pour transfigurer ce pays endolori. Car, président, le peuple connait la voix de la sincérité et de la vérité. Votre bien aimé peuple sait pertinemment que le timing était court. Mais, plus que la durée du mandat, c’était le respect de la promesse, de la parole donnée, de l’engagement, fut-il celui du premier citoyen, sénégalais le mieux payé de tous, qui était important pour votre cher peuple. Vous n’aviez pas besoin de lier, puérilement et volontairement, votre cou à la raide corde du Conseil constitutionnel, qui risque d’étrangler toute possibilité de second mandat pour vous.

Président, votre peuple vous a aimé. Mais excusez-le de devoir aujourd’hui, croire bien moins en votre parole que vous avez vous-même dévalorisée. Votre peuple se prépare stoïquement à votre prochain drible. Et, Monsieur le Président, faites-lui confiance : il n’oubliera plus jamais votre statut de « politicien comme les autres ». Il a appris maintenant de vous que, comme l’avait si bien dit votre nouvel allié Bécaye Diop (par la force de la transhumance), « les promesses du candidat Macky n’engagement pas le Président Macky ». Et il n’oubliera plus jamais que vous n’êtes, en rien, différent de ceux qui ont si bien théorisé et pratiqué le « Wax Waxeete ». Président, votre peuple a reçu votre très bienveillante claque. Préparez-vous. Car, votre peuple mettra tout l’amour, toute la détermination dans sa carte d’électeur pour vous rendre la politesse.

Votre bien aimé et déçu citoyen Youssouf SANE