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Les daaras au Sénégal ! par Mohamed Lamine Diop

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Les daaras au Sénégal ! par Mohamed Lamine Diop

 Les daaras, au Sénégal, constituent, depuis l’introduction de l’Islam, le centre d’éducation par excellence. Ils ont formaté des millions de personnes des deux sexes, en les dotant d’une conscience islamique ferme et résolue, d’une vision de Dieu, du monde, de la société, de l’être humain, de la parenté, des relations interpersonnelles, du commerce humain, des activités économiques et de la sociabilité fondés sur des valeurs fortes et un humanisme élevé, tirant leur substance des prescriptions du Coran et de la Sunna du Prophète Muhammad (Psl).

 
Ils étaient bâtis sur un modèle fondé sur le principe d’une éducation globale qui prend en compte la personne humaine dans toutes ses dimensions. Ils assuraient sa formation, de manière à en faire non seulement un bon croyant, connaissant parfaitement les principes du Saint Coran et de la Sunna, mais aussi un citoyen formé et informé, vertueux et modéré, possédant toutes les vertus de la sociabilité, de la droiture, de l’intégrité, pénétré d’un esprit de justice, respectueux de l’autorité, aussi bien familiale, parentale, sociale, qu’étatique, attaché à une société d’ordre, de paix, de stabilité, de justice, de solidarité et de fraternité.


Les daaras étaient, aussi, l’école du courage héroïque et de l’engagement patriotique, dans laquelle l’apprenant était préparé aux durs labeurs de la vie, à la faim, à la soif, à la sobriété dans l’existence. Il devait apprendre à vivre avec peu, à partager avec d’autres, à faire don de sa personne à sa communauté, à oublier les privilèges qu’il pouvait tenir de son origine sociale. Il se coulait dans le moule d’un modèle social humble, discret, poli, effacé, résistant et stoïque.


Le talibé était préparé à devenir un régulateur social, un ouvrier du développement, un juge et un arbitre, un guide et un leader, prêt à s’impliquer dans toutes les nécessités sociales et dans tous les combats au service de sa communauté.


C’est dans les écoles coraniques qu’ont été formées les figures emblématiques musulmanes de l’Islam africain comme Thierno Souleymane Baal, El Hadji Oumar Foutiyou Tall, El Hadji Malick Sy, Cheikh Ahmadou Bamba, Maba Diakhou Bâ, Samory Touré, Mamadou Lamine Dramé, El Hadji Abdoulaye Niasse, Limamoulaye Thiaw qui ont porté haut, avec dignité et courage, le flambeau de la résistance à l’occupation coloniale.

 
Aujourd’hui, les daaras, à l’inverse de cette image particulièrement positive, semblent plutôt renvoyer systématiquement à l’idée de mendicité avec son corollaire d’aspects négatifs. En effet, chez nombre de maîtres coraniques, beaucoup plus soucieux d’exploiter leurs jeunes talibés que de les former, on a développé une culture de la mendicité que l’Islam interdit, pourtant fortement, avec quelques exceptions. Ces enseignants-là ne doivent pas être encouragés. C’est d’ailleurs cette catégorie, qui n’est qu’une minorité, que ciblent, de manière permanente, les adversaires de l’Islam, pour dénaturer notre religion et alimenter l’islamophobie.

 
Mais d’un autre côté, comment le maître coranique peut-il subvenir à la nourriture de 100 talibés, s’il n’est pas aidé ? Doit-il les laisser mourir de faim ? Que dirait-on de lui, dans un tel cas de figure ? L’Etat n’a pas le droit de l’abandonner à son sort. Le témoignage du Professeur Iba Der THIAM, ancien ministre de l’éducation nationale est assez édifiant à ce niveau : « Quand j’étais ministre de l’Education nationale en 1983, grande fut ma stupeur de découvrir que Cheikh Mourtada Mbacké, pour ses 300 écoles coraniques, employant 500 enseignants et 125 agents de service, recevait une subvention annuelle de 700 000F, contre 550 millions pour les écoles confessionnelles des religions non islamiques, au nombre d’une centaine, à peu près. »

 
Au vu de ce qui précède, il est urgent de se pencher sur ce secteur pour lui restituer ses lettres de noblesse et lui assigner une nouvelle mission, fondée sur le développement d’un enseignement de valeur, l’apprentissage d’un métier permettant à l’apprenant de gagner, dignement, sa vie et l’ancrage à des valeurs morales fortes, à la hauteur des principes sacrés de l’Islam. Il faut se concerter avec les acteurs concernés, après avoir répertorié les propositions alternatives pour mettre un terme à la mendicité. Cela demande l’intervention de l’Etat, celle des Mairies, des Conseils régionaux et des Communautés rurales, pour dégager des moyens financiers importants permettant de fournir aux grands daaras des aides en vivres. Les parents d’élèves aisés pourraient eux aussi apporter une contribution volontaire et régulière. Ce travail serait complété par un volet d’éducation, d’information sur les dangers de la rue et de formation sur l’intégration dans les daaras, d’un module économique de culture maraîchère et d’activités de même nature génératrices de revenus.



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