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Le message de fin d’année du vieux président Wade : le glas pour une fin pitoyable ( par Mody Niang )

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Le message de fin d’année du vieux président Wade : le glas pour une fin pitoyable ( par Mody Niang )

C’était un secret de polichinelle que la piteuse prestation du 31 décembre 2011 est venue confirmer : notre vieux président politicien est manifestement au bout du rouleau. L’homme qui nous est apparu ce soir-là n’est plus que l’ombre de lui-même, malgré tous les efforts qui ont été probablement faits pour le requinquer, le temps qu’il délivre son message à la Nation. La mise en scène – c’en était une –, était grotesque et carrément insoutenable. S’il restait au vieil homme un cousin, un frère ou un ami de sa génération, ce dernier ne manquerait sûrement pas de prendre son courage à deux mains et de lui demander, les yeux dans les yeux, de jeter l’éponge. Il ne doit plus en avoir malheureusement et est plutôt devenu l’otage d’un gang de mafieux, de minables courtisans qui sont prêts à le pousser jusqu’à la tombe, pour continuer de jouir de leurs privilèges indus. Déjà, le plus activiste et le plus tonitruant d’entre eux, Serigne Mbacké Ndiaye, a osé nous servir ce soir-là, que le président Wade « se portait comme un charme ».Quelle hypocrisie ! Quel mensonge éhonté !

Avec de tels individus, de tels rapaces autour de lui, le vieil homme va continuer de résister à toutes les pressions, de l’intérieur comme de l’extérieur, déterminé qu’il est à briguer ce troisième mandat manifestement de trop. Il lui sera difficile, cependant, de résister aux pressions implacables de la nature. Cette candidature qu’il veut maintenir à tout prix est hors norme, inédite, ridicule, à la limite dramatique. Elle ne manque pas d’attirer l’attention d’observateurs avertis, comme  l’ancien ambassadeur de France au Sénégal, Son Excellence Jean-Christophe Ruffin, qui en parlait comme d’une « curiosité ». Le très compétent Professeur de psychologie Mamadou Mbodj, que nous avons vraiment besoin de réentendre ou de relire sur cette candidature singulière, la considérait déjà, dans une interview reprise par « La Gazette » n° 140 du 29 décembre au 05 janvier 2012 (pp. 14-15) comme « un défi à la raison, au bon sens et à la nature ». La détermination farouche de cet homme de 88 ans à briguer un mandat de 7 ans, relève manifestement d’un cas pathologique. Le Pr Mbodj doit nous décortiquer, en particulier, la piteuse prestation du 31 décembre 2011 et nous livrer tous ses secrets.

Le vieux politicien n’est pas un extra terrestre : il a objectivement atteint ses limites. Sa candidature est dangereuse pour notre pays. Elle est carrément inacceptable et nous devons tout mettre en œuvre pour nous y opposer et pousser l’homme à la sortie. Et même si, par extraordinaire, il tenait encore péniblement sur pieds et que le Conseil constitutionnel prenne la lourde responsabilité de valider sa candidature, je ne vois vraiment pas quel est l’électeur – excepté ses minables courtisans et les membres de leurs familles – qui, une fois seul dans l’isoloir avec Dieu, va se permettre de voter en faveur de cet homme vieillissant et ne contrôlant pratiquement plus rien.

Dans un cas comme dans l’autre donc, le vieux politicien devra débarrasser le plancher politique et la page de sa longue et détestable gouvernance être définitivement tournée. De nombreux candidats se sont déclarés pour sa succession, des plus crédibles aux plus fantaisistes. Le vieux politicien Wade a tellement dévalorisé la fonction présidentielle, que de partout émergent des candidats, y compris des hommes et des femmes dont nous nous demandons légitimement d’où ils (elles) sortent. Sans doute, vivons-nous dans un pays qui se dit démocratique. Personne n’a donc le droit d’y dénier à un citoyen, à une citoyenne qui en remplit les conditions, de briguer le suffrage de ses compatriotes. Cependant, la fonction présidentielle est très importante ; elle n’est pas à la portée du premier venu, même si notre vieux président l’a défigurée pendant douze longues années. Il va nous laisser surtout un pays en lambeaux sur tous les plans. Il faudra plus qu’un candidat sorti de nulle part pour réparer les gros dégâts. Plus qu’un homme, plus qu’une femme, il faudra une forte coalition, avec des compatriotes (des deux sexes) venus d’horizons divers, compétents, expérimentés, qui n’aient surtout pas d’antécédents de mauvaise gestion. Á cet égard, Bennoo Siggil Senegaal aurait pu faire l’affaire en désignant un candidat de l’unité du rassemblement. Mais, comme le dit le proverbe walaf, « bu ndox tuuroo, an baq moo fa des ». En d’autres termes, le vin est tiré, il faut le boire ! Il reste à sauver ce qui peut encore l’être, en renforçant les pôles existants.

Avec le nombre impressionnant de candidats que nous continuons d’enregistrer, les voix de l’opposition dite classique s’éparpilleront. Ce qui fera sûrement l’affaire des deux candidats sortis des flancs de notre vieux politicien. Ils se partageront pratiquement seuls l’électorat libéral et, éventuellement, le suffrage d’autres compatriotes qui se jetteront facilement dans leur escarcelle, sans se demander vraiment qui ils sont, par où ils sont passés, ce qu’ils ont pu faire quand ils étaient aux affaires, etc. Rappelons quand même que ces deux candidats ont été au cœur de l’État libéral prédateur, respectivement pendant quatre et huit ans ! Ce n’est pas rien.

Nous avons tellement souffert avec l’infecte gouvernance des Wade que nous devons en tourner définitivement la page. Dans cette perspective, nous devons  tout mettre en œuvre pour ne pas nous retrouver, en avril 2012, avec un président marqué de quelque façon que ce soit par les tares de l’État libéral. Le nouvel élu nous devra en particulier, de faire la lumière sur des affaires aussi graves que la rénovation de la Pointe ce Sangomar, l’origine des milliards qui alimentaient de façon indue les fonds spéciaux du président de la République, les 15 millions de dollars de Taïwan, la gestion dite autonome et particulièrement opaque des différents budgets de l’Assemblée nationale, ainsi que sur nombre d’autres affaires opaques qui ont jalonné la nauséabonde gouvernance libérale. Les deux candidats continuateurs de cette gouvernance seront-ils à l’aise pour répondre à nos attentes dans ce domaine-là ? C’est une question qui mérite d’être posée.

Il y a ensuite que, désormais, nous devons nous méfier des trop longs mandats. Dans toutes les grandes démocraties, les mandats n’excèdent pas quatre à cinq ans. Le candidat Moustapha Niasse s’est engagé clairement et publiquement qu’il ne ferait, une fois élu, qu’un mandat cinq ans et qu’il ne briguerait pas un second mandat. Il organiserait, dans la stricte neutralité, pour sa succession, une élection libre et transparente. L’autre candidat, Ousmane Tanor Dieng, s’est aussi engagé à ne faire qu’un mandat, même s’il n’a pas précisé si ce sera un mandat de 5 ou de 7 ans. Nous aurions aimé connaître la position des deux candidats libéraux sur cette importante question. Tout indique que l’un ou l’autre ferait 7 ans en cas d’élection. Sept ans, c’est déjà beaucoup. Il est aussi fort probable que l’un ou l’autre élu, briguerait un second mandat. Nous risquerions alors de nous retrouver avec une présidence de 14 ans. Une telle durée au pouvoir n’est plus possible dans le monde (démocratique) moderne. Elle est d’autant plus à craindre que nos deux candidats sont rétifs au régime parlementaire. En d’autres termes, une fois élu, l’un ou l’autre sera un président fort, avec peut-être les pouvoirs exorbitants qu’ils ont connus avec leur ancien mentor. Cette simple éventualité me fait trembler de peur pour mon pays.

Je ne prétends pas être un devin, ni même un politologue presque infaillible. Je ne fais qu’exprimer une crainte, à partir de ce que je constate. Les deux candidats sont muets sur ces questions que je soulève. Il leur appartient de nous rassurer, en nous disant publiquement quel sera le régime qu’ils mettront en place en cas d’élection, s’ils vont faire les 7 ans prévus par la Constitution et s’ils seront, en 2019, candidats à leur propre succession. La préoccupation pour une réélection est paralysante. Elle pousse à des calculs et à des compromissions de bas étages. Nous en avons été saturés avec le vieux politicien Wade.

Nos deux candidats, anciens fils de Wade, ont aussi le devoir de nous rassurer sur leur capacité et leur détermination à mettre en œuvre des mesures de rupture profonde, susceptibles de mettre en cause même des hommes et des femmes avec qui ils ont travaillé pendant de longues années dans les différentes stations qu’ils ont eu à occuper, et dont certain(e)s se trouvent aujourd’hui dans leur entourage immédiat.

Je ne terminerai pas sans rassurer les inconditionnels de nos deux candidats : je n’ai de problème particulier avec aucun d’entre eux. Mes réserves vis-à-vis de leurs candidatures trouvent leur seule justification dans ce proverbe walaf : « Ku ndobin rey sa maam, boo séene lu ñuul daw ba fáttu. » En d’autres termes, les Wade et leur clan nous ont fait tellement mal que nous nous méfions de tout candidat dont l’élection pourrait nous replonger dans leur immonde gouvernance.



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