
Un pays en train de perdre son lustre d’antan. En passe d’être la risée de tout un continent, la honte de la sous-région. Difficile de le reconnaître sous le magistère de son président «le mieux élu».
D’aucuns se demandent si le pouvoir va tenir, si son chef de l’Etat ira, au terme de son mandat; menacé d’une révolte populaire née de foyers de tensions, de colères en gestation, de part et d’autres d’une capitale, privée, depuis plus de deux semaines, de la ressource la plus élémentaire.
La goutte d’eau tant attendue n’aura donc toujours pas coulé du robinet et ce n’est pas le président de la République qu’il faut blâmer, s’il n'est à plaindre. Car il ne suffit pas au premier des Sénégalais d’appeler à s’en remettre au Tout-Puissant, il pousse le ridicule jusqu’ à convoquer le tremblement de terre au Japon, une catastrophe naturelle, pour justifier ce qu’aucun qualificatif ne saurait dépeindre : l’incompétence notoire des services en charge de l’eau, leur absence de prévision et de planification, et l’incapacité de l’autorité, dont le Président est l’incarnation, à manager en toute responsabilité cette crise qui n’a que trop duré. Ce à quoi il faut ajouter, avec regrets, les contrevérités répétitives distillées dans les médias, de la part de ces Pinocchio dont le discours ne vaut pas, un cheveu de femme. Le pays est vulnérable, certes, le président et son régime le sont davantage. D'autant plus qu'on peine, seize jours durant, à maîtriser un pauvre tuyau et pourtant, on prétend maîtriser le sort de douze millions d’âmes à qui on promet le « Yokkuté ».
Quelle est donc cette bêtise qui consiste à parler de «tremblement de terre», de «radioactivité», de «Fukushima» dans la réaction officielle d’un chef de l’Etat qui semble avoir perdu le sens de la retenue. Surtout lorsqu’il s’agit de ceux qui ont été parmi les artisans incontestés de toutes ces difficultés que rencontre ce pays, depuis l’avènement de l’alternance en 2000. Une classe politique qui ne peut, en aucun cas, constituer une relève, la solution à ces mêmes problèmes, s’ils ne sont tentés de les aggraver du fait de leur incompétence.
Seize jours, c’est trop, les différents acteurs en charge de l’eau ont abusé de la patience des Sénégalais, qui jusqu’ici sont restés plus que solidaires, mais mesurés dans leurs réactions. Alors que le service est à l’arrêt dans plusieurs hôpitaux de la capitale, alors que sous d’autres cieux, on aurait peut-être, commencé à compter les morts, à dénombrer les édifices publics saccagés...
Avant d’aller exposer à la tribune des nations-unies les priorités d’une Afrique dont les élites «refusent le développement», il eût été beaucoup plus utile et responsable, qu’on s’attelât d’abord à satisfaire une priorité locale, le besoin le plus élémentaire jamais exposé à un gouvernement par ses populations, qui cohabitent matin midi et soir avec odeurs et saletés dans leurs toilettes. Des assoiffées à qui on est incapable de fournir une goutte d’eau, et à qui on continue à tenir un discours mensonger. Pour dire qu’avec cette crise, c’est le summum de l’incompétence qui est atteint. Et l’expertise locale insultée, lorsque l’on s’accroche, comme toujours, à une béquille de l’Occident, au lieu de concevoir par nous-mêmes, les solutions à nos préoccupations immédiates. La coupe est pleine, Président !
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