
Abdoulaye Wade et ses opposants investissent beaucoup dans la politique. C'est de bonne guerre. Le charme et la séduction sont des industries mercenaires. Il faut savoir sourire dans la douleur et souffrir de plaisir. Le chef de l'Etat sortant, Pape du Sopi, converti aux bains de foule, voue un culte au show. Rien n'est trop insignifiant pour son déplacement. On le voit courir désormais dans les quartiers populaires en quête de suffrages et de nouvelles certitudes. Ses procédés paraissent bien dérisoires aux yeux des populations. Comment peut-on demander aux Sénégalais de voter pour vous, alors qu'ils coupent le jeûne dans le noir ? Les explications du Directeur général de la Senelec sont bien plus provocatrices. Seydina Kane convoque des incidents sur le transport pour justifier l'injustifiable. Il est fort à craindre un retour de bâton social des plus enflammés. Les consommateurs ont, depuis longtemps, épuisé leurs capacités d'endurance. Les émeutes du 27 juin attestent de ce ras-le-bol général. Le pays est devenu un produit inflammable du fait de l'incurie, de l'incompétence et de la malhonnêteté. Le ministre de l'Intérieur peut bien limoger le boss des renseignements généraux. Mais, son problème et celui de son chef ne sont pas pour autant réglés. Ce n'est pas de la faute des policiers si les bulletins de renseignements sont alarmants. Dans ce pays, tout bat.
Avant même la fin de l'hivernage, Wade se rendra compte du caractère dérisoire de ses manigances. Le président de la République sera bientôt rattrapé par son passé des plus récents. Le chef de l'Etat avait découplé la Présidentielle et les Législatives pour régler définitivement la question des inondations. Cinq ans plus tard, la nature est en passe de lui rappeler ses engagements. La banlieue de Dakar en a trop bue déjà. Elle ne pourra pas toujours encaisser des justifications supplémentaires et saugrenues. Un Etat incapable de se défaire des eaux de ruissellement ne pourra jamais avoir raison de la pauvreté. Au nom de la lutte contre le sinistre, plus de 100 milliards de nos francs ont été dépensés en cinq ans. Mais jusqu'ici, le résultat reste mortel. Aujourd'hui encore, les enfants et les animaux se noient dans les bassins de provocation dans l'indifférence générale. Wade qui s'était tapé une promenade spectaculaire dans les eaux de pluie dédaigne désormais cette banlieue. Selon les mots même du président, cette localité ne serait plus qu'un repaire de vandales low cost. C'est du mépris, mais c'est bien. C'est un argument de moins dans la bouche des thuriféraires au moment où tout battra bien plus fort. Cet hivernage 2011 est une portée dangereuse. Elle mettra bas en octobre. A la rentrée, les inondations et les coupures d'électricité, la cherté de la vie, la Korité, l'ouverture des classes et les injustices en tous genres donneront naissance à une situation à la fois inédite et périlleuse. Tout battra en brèche cette troisième candidature surannée.
0 Commentaires
Participer à la Discussion