
Le 25 février 2003, le journal Le Quotidien titrait à la «Une» de son édition n° 002 : «Réorganisation de la présidence de la République : Les Wade prennent tous les pouvoirs.» Karim Wade nous appela, pour nous encourager du lancement d’un journal qui promet une bonne tenue mais il ne manqua pas d’en profiter pour démentir l’information d’avoir été nommé Conseiller spécial de son père Abdoulaye Wade, président de la République. On se résolut à corriger l’information dans l’édition du lendemain mais Karim Wade dira qu’il n’en était pas question car, ce serait un mauvais signal pour les lecteurs de voir un démenti dans un journal dès son deuxième numéro de parution. Il faut dire que cette «magnanimité» était sincèrement touchante. Plus tard, on aura la preuve que nous avions bien raison en annonçant la nomination de Karim Wade et de sa sœur Sindjely. Mieux, avec le temps, on constatera que notre titre était on ne peut plus prémonitoire.
Le journal Le Quotidien avait aussi, sur la foi d’informations publiées en 2011 par le site d’informations Wikileaks qui avait mis en ligne des câbles diplomatiques américains, fait état de l’arrestation de Karim Wade au Maroc pour une histoire de possession de drogue. Karim Wade nous assigna en justice pour diffamation mais, à notre grande surprise, le jour du procès, Karim Wade décida de retirer sa plainte.
Quand le journal Le Quotidien avait annoncé que les hôtels annoncés pour abriter le Sommet de l’Organisation de la conférence islamique (Oci) ne seront pas livrés à temps et que le Sénégal se rabattrait sur le Méridien Président pour y tenir la rencontre, de nombreux démentis nous avaient été apportés par le service de communication de l’Anoci. L’histoire a fini par retenir que 25 milliards de francs avaient été dépensés pour retaper le Méridien Président et y tenir le Sommet de l’Oci. Sur de nombreux autres sujets, nous avions été démentis avant que l’histoire ne nous donna raison. Nous avions notamment annoncé que le site de l’ancien champ de tirs de l’Armée nationale, situé au pied des Mamelles de Dakar, était cédé au franc symbolique à la société Kharafi pour un hôtel alors que l’homme d’affaires Yérim Sow avait proposé à l’Etat du Sénégal la somme de 13 milliards pour acquérir ledit terrain.
Nous avions interrogé Karim Wade sur son patrimoine immobilier en France. Il nia posséder la moindre propriété à Paris jusqu’à ce qu’on finisse par découvrir, à la faveur des enquêtes de la gendarmerie, qu’il détient au moins un appartement à la Rue de la Faisanderie. Aussi, il affirmait louer l’appartement de l’Avenue Victor Hugo qui s’avère être une propriété de Abbas Jaber que Karim Wade continue d’occuper encore à l’œil. En 2005, le journal Le Quotidien, reprenant une information publiée par une publication basée à Londres Balancingact, avait évoqué un projet de cession d’une licence de téléphonie mobile à Maroc Telecom et que Karim Wade était le maître d’œuvre de la transaction. La publication au Sénégal d’une telle information avait provoqué un tollé tel que BalancingAct était amené à retirer son information et à présenter des excuses publiques à Karim Wade. Une assignation en justice avait été déjà servie au journal Le Quotidien. Nous avions alors fait comme BalancingAct, conformément aux règles professionnelles. Le Tribunal de Dakar prendra acte de notre mea culpa mais, à la barre du Tribunal, Karim Wade nous souffla, à Soro Diop auteur de l’article et à moi (en ma qualité de Dirpub à l’époque), qu’avec une telle information, nous avions fait perdre plus de 200 millions de dollars au Sénégal. Plus tard, le Directeur de BalancingAct, Russel Southwood, comme habité par le remords, nous rendra visite à notre siège. On saura les circonstances de son revirement mais le mal était déjà fait.
Par Madiambal Diagne
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