
La seconde, pour combler des lacunes, et voiler son inexpérience liée à la jeunesse d’une formation politique embryonnaire. Et la première, se maintenir au pouvoir, du moins, poursuivre sa participation à une gestion collégiale du pouvoir, à défaut de l’exercer pleinement.
Cette manœuvre de l’Afp, serait-elle calculée, plus ou moins réfléchie, pourrait s’avérer dangereuse pour l’avenir de la formation politique progressiste, désormais sous hypothèque. Moustapha Niasse croit pouvoir différer la question de sa succession en fermant la voie à toute velléité de candidature au sein de la formation politique née de l’Appel du 16 Juin. Mais cette initiative ne ferait que retarder l’échéance, étant donné que l’APF devra, comme le PS hier et le PDS dans une certaine mesure, procéder à un renouvellement de ses instances, donc changer de locomotive à la prochaine station. Et c’est là toute la problématique de la personnalisation de nos formations politiques : l’absence de démocratie en leur sein demeure leur caractéristique principale. Du fait d'une personnalisation à outrance autour des leaders créateurs de parti, de leur mainmise sur leur formation politique, ce qui ne laisse guère de place à une voix dissonante.
En définitive, renouveler sa confiance au président Macky Sall revient, pour l’AFP, à demander plus à l’exécutif, donc à écarter sans le dire, un rival, une formation politique concurrente, le Parti socialiste d’Ousmane Tanor Dieng à qui l’AFP pourrait faire de l’ombre, désormais, si sa place d’allié privilégié est confirmée.
Alors que la logique voudrait que le PS prenne ses distances, progressivement, vis-à-vis du pouvoir de Macky Sall : si l’AFP peut se permettre le luxe d’être le grand absent du rendez-vous de 2017, ce n’est et ce ne peut être le cas de la formation politique senghorienne, avec toutes les compétences dont elle regorge, lui faut-il, elle aussi, changer de locomotive.
Que Moustapha Niasse ne soit pas candidat à la présidentielle de 2017 n’est point une surprise. C’est le bons sens même qui met hors-jeu le leader progressiste, disqualifié également par son âge avancé. La politique étant curieusement, le seul métier au monde où le départ à la retraite est retardé aussi longtemps qu’il restera à ces leaders, un souffle de vie…
Dès lors, comment reprocher à Moustapha de se faire l’artisan de son propre suicide politique, puisque Niasse serait prêt à sacrifier des années d’investissements politiques pour un compagnonnage de circonstance. Et ceux qui prétendent lui succéder à la tête de l’AFP devront sans doute attendre sa mort, pour pouvoir poser leur candidature. En attendant, il ne saurait être question pour Gakou et Cie, d’accepter de se faire hara-kiri. Il y a donc de quoi redouter une implosion de l’AFP, avec les sorties prochaines de ceux qui, contrairement à Moustapha Niasse, voudront bien écrire l’histoire, en d’autres termes, peser de tout leur poids et faire face à Macky Sall, aux prochaines joutes présidentielles.
Momar Mbaye
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