
On y est. Après plusieurs années de jeu de cache-cache, l’heure de vérité a sonné. Pour un président élu pour sept ans, mais qui avait promis de n’en faire que cinq. Déterminé, était-il, à respecter son engagement, la parole donnée dans l’entre-deux-tours de la campagne de 2012. Ce 16 février 2016, Macky Sall honorera sa parole, ou Macky Sall trahira son « ser-ment ».
Assez, la torture psychologique que le président Macky Sall impose aux Sénégalais, depuis 4 ans déjà, et qui devrait prendre fin ce soir, après 20 heures, l’heure à laquelle le chef de l’exécutif aura choisi d’édifier le peuple. Mais il est évident qu’il aurait pu se passer de toute cette théâtralisation dans l’annonce d’une simple décision qui ne devrait être qu’une formalité, la suite logique d’un banal engagement pris devant un peuple assoiffé de rupture et d’un engagement sincère, qui fait tant défaut à l’élite politique. Lequel engagement a fait fléchir la balance électorale du côté du candidat de l’Apr, au second tour de la présidentielle.
Sceptiques jusqu’au dernier moment, les Sénégalais peuvent douter que le président de la République veille toujours respecter sa parole, mais que le Conseil constitutionnel lui serve de faire-valoir quand il s’agit de mettre une forme et d’habiller subtilement, un parjure d’un autre genre, lequel ne serait pas très différent du célèbre « wakh waxete » si fatal à Abdoulaye Wade, son prédécesseur à la tête de l’État.
Il est donc fort à craindre, que Sakho et ses hommes « singent » le Conseil constitutionnel du président Diakhaté, que Pape Ousmane et cie ressuscitent Cheikh Tidiane, enfin, que Macky bénéficie de la même baraka que Wade béni des « dieux » d’un Conseil qui n’a pas su le maintenir au pouvoir.
En recueillant l’avis des 5 membres de cette instance, le président Macky Sall sait à quoi s’attendre. Les Sénégalais aussi, eux qui ont déjà été déçus de ce même conseil constitutionnel, lorsque, en janvier 2012, les « sages » validèrent sans surprise la « légalité » du troisième mandat anticonstitutionnel d’Abdoulaye Wade.
Selon les révélations d’un quotidien de la place, le président Sakho et ses pairs opteraient pour le septennat. En d’autres termes, ils ont exprimé leur préférence au respect de la légalité constitutionnelle et il ne saurait en être autrement. Ce qui revient à dire, que Macky Sall a soumis le Conseil constitutionnel à une dictée préparée et les sages qui n’ont point droit à l’erreur, devraient lui renvoyer l’ascenseur. Laquelle erreur consisterait à inviter le président à respecter sa parole au lieu de lE sommer de respecter la loi.
« Je suivrai l’avis du Conseil constitutionnel. Je suis légaliste. Il ne faut pas installer le désordre dans le pays », aurait déclaré, confiant, le chef de l’État qui, après une multitude de signes précurseurs, donne enfin les gages d’un parjure non assumé. Macky Sall devra alors en tirer les leçons, et assumer, seul, toutes les conséquences découlant de sa décision éventuelle de faire 7 ans au lieu de 5 ans.
Garant de la stabilité du pays, il devra aussi être tenu responsable du chaos dans lequel le pays risque d’être installé, le cas échéant.
Arrivé au terme de son mandant de 5 ans, le président Macky Sall a aujourd’hui la chance d’entrer dans l’histoire, pour l’éternité. Il lui suffit, pour ce faire, de respecter sa parole, quel que puisse être l’avis d’un conseil constitutionnel partisan, souvent habitué à rendre des décisions ou des avis en faveur des présidents en exercice. De cette instance à la fois si proche mais si éloignée de la neutralité, les Sénégalais peuvent s’attendre à tout, sauf au miracle.
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