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Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Chronique

Chronique : Appel, contre-appel

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Photo : Presidence de la Republique du Senegal

Depuis 136 ans, résonne sans discontinuer, l’Appel de Seydina Limamoulaye. Cette année, les cérémonies de commémoration de cette gesta sur la voie de Dieu ont donné l’occasion au Président Macky Sall de lancer un appel.

A son tour. Celui de Baye Laye est majuscule : il transcende les époques et s’dresse à toutes les créatures. Pour les réinstaller sur la Voie droite du Créateur unique de Tout. Cet Appel est un Rappel de l’immuable Vérité que le Prophète Mouhammad (Psl) a transmis par le Saint Coran et enseigné par l’exemplarité de sa vie. Dans cette circonstance majuscule, le Président Macky Sall a lancé un appel minuscule, totalement décalé et qui s’inscrit dans une perspective purement séculière.

De fait, en le dédiant au «dialogue politique», cet appel sonne comme une nouvelle manifestation du communautarisme caractéristique de toute activité politique et de tout discours partisan qui en est nécessairement le soubassement et l’expression langagière. Le Président de tous les Sénégalais ne s’adresse dès lors qu’aux seuls responsables des partis politiques, et aux animateurs de ces entités agissantes de l’espace politique, et que l’on nomme Société civile.

De sorte que le cas échéant, le dialogue politique ainsi invoqué ne saurait être qu’un marché de dupes où il n’y aurait que des offres et point de demande. Car en République et en régime démocratique, la seule demande légitime et qui doit mobiliser toute l’énergie des élus, c’est celle du peuple souverain. Pourtant, c’est au nom de ce peuple, gigantesque abstraction dont se justifient tous les politiciens, que le pouvoir prétend lancer cet appel et les opposants exprimer leur intention d’y répondre ou non. Et tous développent leurs stratégies, posent leurs conditions, sans aucune considération des conditions de vie des populations.

Au demeurant, la politique n’est-elle pas, comme le rappelle Albert Camus, «l’art d’empêcher les citoyens de se mêler de ce qui les regarde»? Si bien que rapportée à la perspective de cet «appel au dialogue politique», cette banale et écœurante vérité est confirmée, sans appel, par les terribles propos de Serigne Mbaye Thiam dans L’Observateur : «La politique est une question de réalisme où les décisions sont dictées par les opportunités.» inconsciemment ou non, la crudité lexicale de M. Thiam : «politique», «réalisme», «opportunités», est une sorte de définition a contrario de toute action politique, tous les hommes politiques : opportunisme et opportunistes.

C’est précisément cette improbable opportunité qui a été saisie par Idrissa Seck pour, «afin de sauver la République», proposer la création d’un Haut Conseil de la République. Le texte produit à cet effet comme celui de son désaccord avec les accords de partenariat Apc/Ape, contiennent des propositions fort pertinentes et judicieuses, dont la prise en compte contribuerait à renforcer la République et l’Etat de droit, à améliorer le sort des citoyens.

Mais il s’agit avant tout de discours politique d’un Président manqué, qui ne se voit à aucune autre station que présidentielle, ne s’adresse jamais qu’au Président élu, qu’il considère comme son unique alter ego. Finalement, c’est la notion d’appel au dialogue qui constitue en elle-même une aberration ; aussi bien pour le pouvoir, l’opposition que les citoyens.

En effet, quels qu’en pourraient être les termes, le dialogue n’aurait pour objet et finalité que le pouvoir, la manière et les modalités de son exercice, pour, le cas échéant, mériter les suffrages des citoyens électeurs aux prochaines élections. Or, en attendant, c’est le Président Macky Sall qui est au pouvoir. A cette station, le seul dialogue qui vaille pour lui et qui n’est ni dans la communication ni dans la propagande, c’est une praxis quotidienne qui transforme en réalités concrètes ses promesses de campagne, auxquelles les populations ont adhéré pour le porter au pouvoir.

En attendant la prochaine campagne électorale et les prochaines promesses, les citoyens sénégalais ne comprennent plus que ce langage muet des actes concrets et ne répondent plus qu’à cet appel, auquel répondraient tous nos organes de sens, toute notre énergie positive. Quant au peuple et à l’opposition, ils doivent se montrer vigilants et responsables.

C'est-à-dire ni nihilistes ni laudateurs inconditionnels vis-à-vis du pouvoir, mais exercer leur devoir de contrôle et leur pouvoir de sanction. Là sont les attentes du peuple, ainsi que son appel. Que pouvoir et opposition ont l’obligation d’entendre d’y répondre. C’est seulement à ce prix que leur appel pourra alors être entendu. C’est comme qui dirait… : appel, contre-appel…



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