
Lors d’une conférence de presse mardi 29 janvier, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC), principal parti d’opposition, a dénoncé la répression de ces derniers jours. Répression des violentes émeutes contre la hausse des prix des carburants il y a deux semaines. Plus de 800 personnes ont été arrêtées selon l'Association des avocats pour les droits de l'homme : militants, société civile et membres de l’opposition.
Pour l’opposition, la répression de ces derniers jours est disproportionnée et n’a rien à voir avec la grève générale d’il y a deux semaines.
Les forces de sécurité sont accusées d’avoir fait des descentes de nuit dans les quartiers populaires, d’avoir tabassé et arrêté arbitraires de simples citoyens et d’avoir violé des femmes lors de ces interpellations.
Le principal parti d’opposition, le MDC dénonce des méthodes encore plus brutales que sous l’ère de Robert Mugabe.
Pour son président Nelson Chamisa, le gouvernement cherche à écraser l’opposition politique. « C’est le syndicat des travailleurs, la ZCTU, qui a appelé à ces manifestations. Ca n’a rien à voir avec l’opposition. C’est n’importe quoi, que de dire que le MDC a organisé ces marches. Et pourtant nous sommes ciblés. Plus d’une quarantaine de nos députés ont été harcelés jusqu’à présent, certains ont même été physiquement menacés. Et six ont été arrêtés. Ils ont été interpellés pour la seule raison qu’ils font partie de l’opposition. Etre dans l’opposition aujourd’hui est un crime. »
Le patron du MDC a regretté le silence de la communauté internationale, notamment celui de l’organisation régionale, la SADC.
L'exécutif justifie les arrestations
De son côté, le ministre zimbabwéen à la Présidence, Georges Charamba, pense que les émeutes sont organisées par l'opposition qui cherche à déstabiliser le pouvoir. « Naturellement quand vous atteignez ce niveau de violence, où des policiers sont tués, où des citoyens se retrouvent coincés dans des manifestations très violentes, forcement l’Etat est obligé d’intervenir et de restaurer l’ordre, justifie le ministre. Maintenant, comment expliquez-vous que dans un pays avec 90% de chômage, un syndicat de travailleurs puisse mobiliser autant de gens pour descendre dans la rue ? L’ironie c’est que ces manifestants essayaient d’arrêter les travailleurs d’aller au travail. Ils s’en prenaient aux transports publics pour paralyser le pays. Comment un syndicat de travailleurs peut-il mettre en péril le moyen de subsistance des gens ? La vérité est que l’opposition utilise ce syndicat, la ZCTU, et se cache derrière. Mais en réalité ces manifestations ont été organisées par l’opposition elle-même. Cela montre clairement qu’il ne s’agit pas d’une grogne sociale, mais d’une contestation politique. »
Aussi, les arrestations n’ont rien à ses yeux elles d’arbitraire. « Aucun policier ne va rentrer chez quelqu’un et l’arrêter si cette personne n’a rien fait de suspicieux. La plupart des gens qui ont été interpellés l’ont été sur les lieux même des émeutes. Les autres ont ensuite été arrêtés sur la base de témoignage apporté par ce premier groupe. Donc vraiment s’ils n’ont rien à se reprocher, pourquoi ont-ils peur de se présenter devant la justice. Laissons la justice faire son travail.
Dans le cas du pasteur Ewan Mawarire, les charges contre lui proviennent du rôle qu’il a joué. Il a incité les gens à participer aux émeutes. Pour tout vous dire, il fait partie des leaders de ces organisations qui se sont associées à l’opposition pour mobiliser les gens à descendre dans la rue. Il doit répondre de ses actes. »
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