
De nombreux dirigeants ont réagi à la mort de l’ex-président zimbabwéen, qui après s’être battu pour l’indépendance a dirigé son pays d’une main de fer.
Héros de la décolonisation pour les uns, autocrate ayant ravagé son pays après 37 ans de règne sans partage pour les autres. L’ex-président du Zimbabwe, Robert Mugabe, mort vendredi 6 septembre, reste un personnage complexe et clivant, comme en attestent les hommages internationaux qui lui ont été rendus.
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Un panafricaniste dont la « place dans les annales de l’histoire de l’Afrique est assurée »
En Afrique, nombre de dirigeants ont ainsi salué la dimension historique du combattant anticolonialiste, plutôt que le chef de l’Etat critiqué pour avoir laissé un pays exsangue.
Un des premiers à s’exprimer, le président sud-africain Cyril Ramaphosa a rendu hommage à « un champion de la cause africaine contre le colonialisme ». Le Zimbabwe de Robert Mugabe a longtemps aidé la lutte armée contre l’apartheid et soutenu la lutte pour l’indépendance d’autres de ses voisins d’Afrique australe.
Le Zmabien Edgard Lungu a rappelé le souvenir du « père fondateur du Zimbabwe et panafricaniste », dont la « place dans les annales de l’histoire de l’Afrique est assurée ». Le Namibien Hage Geingob a salué le « révolutionnaire exceptionnel » dont les sacrifices ont permis « la libération de l’Afrique australe du joug racial et de l’oppression coloniale ». Les Namibiens expriment « un sentiment profond de gratitude », a-t-il ajouté.
Pour le Tanzanien John Magufuli, également président en exercice de l’Organisation des pays d’Afrique australe (SADC) : « L’Afrique perd un dirigeant brave, déterminé, un africaniste qui a traduit dans les actes le refus de la colonisation. » L’ancien dirigeant congolais Joseph Kabila a évoqué « le souvenir d’un digne fils de l’Afrique, qui a volé au secours de notre pays, alors victime d’une agression extérieure. Le continent vient de perdre l’un des grands panafricanistes, un héros de la lutte pour l’indépendance ».
Uhuru Kenyatta, le président kényan, a salué de son côté « un homme d’Etat (…) qui a joué un rôle essentiel dans la formation des intérêts du continent ». Il a évoqué un « phare de la lutte de libération de l’Afrique ». Un de ses prédécesseurs, Mwai Kibaki, est l’un des rares à mentionner les « mauvais côtés » de Robert Mugabe, mais il « restera avant tout dans les mémoires pour sa défense courageuse de la dignité des Africains ».
Au Burundi, le président Pierre Nkurunziza a dit avoir appris « avec tristesse » la disparition d’un « héros de l’indépendance (…) et vaillant artisan du panafricanisme ». Au Soudan du Sud, le président Salva Kiir a estimé que le Zimbabwe avait « perdu un grand dirigeant » et « un homme d’Etat révolutionnaire et dévoué ».
En Afrique de l’Ouest, le président du Nigeria, Muhammadu Buhari, a rendu hommage au « militant qui a combattu pour l’indépendance du pays face au régime colonial ». Il a estimé que, malgré la crise économique endémique dans laquelle se débat le Zimbabwe, « la postérité conservera pour toujours le souvenir des sacrifices de Mugabe, notamment dans la lutte pour l’émancipation économique et politique de son peuple ». Au Sénégal, Macky Sall a sobrement adressé ses condoléances à la suite « du décès du père de la nation ».
« Un héros de la libération (…) qui a ensuite trahi toutes ses valeurs »
Le Royaume-Uni, ex-colonisateur, a choisi de dénoncer un régime peu respectueux de la démocratie et des droits de l’homme. « Nous exprimons nos condoléances à ceux qui sont en deuil après le décès de Robet Mugabe. Toutefois, les Zimbabwéens ont souffert trop longtemps sous son règne autocratique », a ainsi déclaré le ministère des affaires étrangères, espérant que le pays puisse désormais « suivre un chemin plus démocratique et prospère ».
L’ex-ministre et militant anti-apartheid Peter Hain a décrit M. Mugabe comme « un héros de la libération, torturé et emprisonné par le régime de la minorité blanche raciste dans l’ancienne Rhodésie, qui a ensuite trahi toutes ses valeurs des droits de l’homme et de la démocratie du temps de la lutte pour la liberté », pour « devenir un dictateur corrompu qui a tué et torturé des opposants ».
Pour les Etats-Unis, il a « aidé à libérer le Zimbabwe », mais a ensuite « trahi les espoirs de son peuple ». « Nous présentons nos condoléances à ceux qui pleurent la perte de l’ancien président zimbabwéen », a déclaré la porte-parole de la diplomatie américaine Morgan Ortagus, qui a toutefois dénoncé « ses violations des droits humains et sa mauvaise gestion économique qui a appauvri des millions » de ses administrés. « Nous continuons de soutenir les aspirations des Zimbabwéens à un avenir meilleur et plus prospère », a-t-elle conclu.
Dans un message de « condoléances », l’Union européenne a fait savoir qu’elle « continuera à se tenir aux côtés du Zimbabwe et de son peuple, à soutenir la réconciliation et aider à assurer un avenir d’unité, de prospérité, de sécurité et de démocratie pour tous ». L’UE rappelle qu’elle « attache une grande importance au renforcement de l’état de droit, des droits de l’homme et de la consolidation de la démocratie au Zimbabwe (…) éléments essentiels de nos relations ».
« Beaucoup de dates dans l’histoire du Zimbabwe sont liées au nom de Robert Mugabe »
La Chine, très présente sur le continent africain et dont le président Xi Jinping fut en 2015 un des rares chefs d’Etat à effectuer une visite officielle au Zimbabwe, boudé par les dirigeants occidentaux, a salué « un dirigeant politique et un dirigeant du mouvement de libération nationale exceptionnel ».
En Russie, autre partenaire du pays, qui s’est toujours opposé aux sanctions économiques contre le régime de Mugabe, Vladimir Poutine a estimé que « beaucoup de dates importantes dans l’histoire moderne du Zimbabwe sont liées au nom de Robert Mugabe » : « Il a apporté une grande contribution personnelle à la lutte pour l’indépendance ».
« Toutes nos condoléances au gouvernement et au peuple du Zimbabwe pour la mort de l’ex-président Robert Mugabe, père fondateur de cette nation, leader historique africain et grand ami de Cuba », a écrit sur Twitter le ministre cubain des affaires étrangères, Bruno Rodriguez.
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