
Pour la première fois depuis le début de la contre-offensive rebelle amorcée il y a un peu plus d'une semaine, les forces loyales au colonel Kadhafi ont regagné du terrain. Mardi 29 mars au soir, elles avaient repoussé les insurgés à plus d'une centaine de kilomètres de Syrte, ville natale du guide libyen, qui constituait la veille encore l'objectif affiché des rebelles.
Alors que les combats continuaient, une quarantaine de pays et d'organisations se sont retrouvés à Londres et ont formé un "groupe de contact" avec l'ambition d'afficher l'unité de la communauté internationale pour construire l'après-Kadhafi.
- Les insurgés contraints de se replier
Au matin, les rebelles ont dû se replier vers Ben Djaouad après avoir essuyé des tirs des forces fidèles à Mouammar Kadhafi à l'approche de Syrte. Les heures passant, l'armée loyaliste repoussait encore plus à l'est les insurgés, aidée selon des témoins par des milices formées par des habitants.
En fin de journée, le correspondant d'Al-Jazira sur le front rapportait que les forces pro-Kadhafi forçaient les rebelles à une nouvelle fuite, l'armée loyaliste viserait désormais la ville pétrolière de Ras Lanouf.
Plus au nord, les forces fidèles au régime continuaient de progresser dans la ville portuaire de Misrata, que se disputent partisans et adversaires de Mouammar Kadhafi. Selon une source médicale citée par l'AFP, les affrontements dans cette ville ont fait 142 morts depuis le 18 mars.
La 6e flotte américaine, basée en Italie, a quant à elle annoncé que l'US Navy avait attaqué lundi soir trois bateaux de la marine libyenne pour les empêcher d'ouvrir le feu sur des navires marchands dans le port de Misrata.
- Les diplomaties mondiales se réunissent pour évoquer l'après-Kadhafi
A Londres, une quarantaine de pays et d'organisations régionales sur la Libye ont confirmé officiellement mardi la création d'un "groupe de contact" chargé du pilotage politique de l'opération internationale dont l'Otan doit prendre en main le volet militaire jeudi à 8 heures à Paris.
Mais les pays arabes sont apparus en retrait. Seuls sept des 24 pays de la Ligue arabe étaient présents, et ils étaient représentés, à l'exception du Qatar et des Emirats arabes unis, non par leurs ministres des affaires étrangères mais par des ambassadeurs, tout comme la Ligue arabe, dont le soutien est jugé crucial. Quant à l'Union africaine (UA), pourtant dûment invitée, elle n'a pas fait le déplacement, après avoir critiqué l'intervention militaire et "l'absence de feuille de route".
En ouvrant la réunion, le premier ministre britannique, David Cameron, avait évoqué un triple objectif : "réaffirmer notre engagement envers la résolution de l'ONU" autorisant l'intervention militaire pour protéger les civils libyens, "accélérer l'acheminement de l'aide humanitaire" et "aider la population libyenne à définir son avenir". Ce rappel a été aussitôt suivi d'un avertissement de la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton : les frappes de la coalition continueront "jusqu'à ce que Kadhafi remplisse pleinement les conditions de la résolution de l'ONU", cesse ses attaques contre les civils, retire ses troupes et autorise l'acheminement de l'aide humanitaire.
Le ministre français des affaires étrangères, Alain Juppé, a déclaré que la France était prête à discuter avec ses alliés d'une aide militaire aux rebelles libyens, tout en reconnaissant que ce n'était pas prévu par les récentes résolutions de l'ONU.
UNANIMES POUR DEMANDER LE DÉPART DE KADHAFI
La principale formation d'opposition libyenne, le Conseil national de transition (CNT), n'a pas été autorisée à participer, mais elle a enregistré plusieurs avancées : Mahmoud Jibril, son responsable des affaires internationales, a rencontré à Londres les ministres des affaires étrangères américaine, britannique et français ; Washington a annoncé l'envoi prochain d'un diplomate à Benghazi, fief de la rébellion, où un ambassadeur français, Antoine Sivan, est en passe de prendre ses fonctions.
Ainsi conforté, le CNT a promis des "élections libres et justes" et souligné ses "aspirations à un Etat uni, libre et moderne". Il a aussi insisté pour que "les crimes" commis par le colonel Kadhafi ne restent "pas impunis". Juste avant la réunion, ce dernier avait enjoint à la coalition de cesser "son opération militaire barbare et maléfique", qu'il a comparée "aux campagnes de Hitler".
A l'issue de la conférence, un consensus s'est dégagé "à l'unanimité" pour dire que "Kadhafi devait quitter le pays", a déclaré à l'AFP le chef de la diplomatie italienne, Franco Frattini. La prochaine réunion du "groupe de contact" aura lieu au Qatar, indique le communiqué final.
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