
En Côte d'Ivoire, depuis maintenant plus de deux semaines, Bouaké manque cruellement d’eau. En cause, une importante décrue du barrage de la Loka. Situé à 21 km à l'ouest de la seconde ville du pays, il lui fournit 75 % de son eau. Résultat, une grande partie des 1,5 million d'habitants de la cité vivent un véritable calvaire.
A Bouaké, dans le quartier d'Ahougnansou, l'un des plus durement touchés par la pénurie d’eau, Fanta est épuisée, « fatiguée de puiser de l'eau ». Cette mère de famille est contrainte, sous un soleil de plomb, de faire « au moins cinq aller-retour par jour », bidon d'eau sur la tête, entre sa maison et un puits situé « à 30 minutes de marche », dans un quartier un peu mieux loti, « pour remplir cinq bidons et deux bassines ».
Et pour se désaltérer, les solutions sont peu nombreuses. Acheter des bouteilles d'eau, quitte à grever son budget, ou faire avec les moyens du bord comme Augustin. « Parfois on peut faire bouillir l'eau le soir », explique cet enseignant, « mais quand on a besoin d'eau rapidement, car les enfants ont soif, on est obligé de filtrer juste avec un peu d'eau de javel pour tuer les premiers microbes ». « Vivement que l'eau revienne », souffle-t-il.
Les autorités prises de cours
Çà et là, dans la ville, des camions-citernes peinent à alimenter les campus et les centres de santé. Mardi 17 avril, des forages ont été lancés, afin d'alimenter le réseau d'eau.
Abouo Kobenan, le directeur général des infrastructures hydrauliques, reconnaît que les autorités ont été prises de cours par une sécheresse inédite, mais aussi par des « activités humaines qui ont stoppé le ruissellement vers le barrage », à savoir la multiplication des carrières de sable sur le bassin versant du barrage de la Loka, désormais presque à sec.
Depuis, l'activité des carrières est suspendue. Autorité et population regardent avec anxiété le ciel, dans l'attente de la pluie.
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