
Les forces alliées à Alassane Ouattara, président ivoirien reconnu par la communauté internationale, ont pris dimanche une nouvelle localité dans l`ouest au lendemain d`une offensive de leurs rivaux dans un quartier d`Abidjan ayant fait une dizaine de morts. Ces développements militaires, les plus importants depuis le début de la crise post-électorale, interviennent après un sommet jeudi de l`Union africaine consacrant l`impasse politique, avec la confirmation de la victoire de M. Ouattara, rejetée par le président sortant Laurent Gbagbo.
Ils coïncident également avec le retour à Abidjan, annoncé dimanche, de M. Ouattara, fort des soutiens de l`UA, du Nigeria, le poids lourd de la région, et du Burkina Faso. Dans l`ouest, les "rebelles" des Forces nouvelles (FN) "ont pris la ville de Doké, entre Toulépleu et Bloléquin" à l`issue de combats, a affirmé à l`AFP un milicien pro-Gbagbo, joint par téléphone depuis Abidjan. "Nos hommes sont actuellement stationnés à Doké", a confirmé un responsable FN basé à Man, principale ville du "Grand Ouest" ivoirien, frontalier du Liberia.
Depuis mi-février, les FN, qui tiennent le nord du pays depuis 2002, ont ainsi pris quatre localités de l`ouest, leur prise majeure ayant été la ville de Toulépleu, tombée le 6 mars après des combats contre les Forces de défense et de sécurité (FDS) fidèles à M. Gbagbo et les miliciens qui les appuient. L`objectif des forces pro-Ouattara est de prendre la ville de Bloléquin, à une dizaine de kilomètres de Doké, qui leur ouvrirait un accès au centre-ouest et au port de San Pedro (sud-ouest), le plus grand port d`exportation de cacao au monde. La Côte d`Ivoire est le premier producteur et exportateur mondial de cacao, la fève brune représentant avec le café (à un niveau moindre) 40% des recettes d`exportation du pays en temps normal.
Loin des caméras, M. Ouattara a effectué pendant ce temps un retour discret au Golf hôtel d`Abidjan, où il vit retranché sous blocus des FDS mais protégé par des Casques bleus de l`ONU et des éléments FN depuis fin 2010. Le camp Gbagbo avait interdit de vol les appareils de la mission de l`Onu en Côte d`Ivoire (Onuci) et de la force française Licorne, utilisés pour le transport des personnalités du camp Ouattara. Mais cette interdiction avait été rejetée tant à Paris qu`à New York. Ce retour intervient au moment où les habitants d`Abobo, quartier nord d`Abidjan et fief des partisans -civils ou armés- de M. Ouattara, comptaient leurs morts après l`offensive samedi des forces pro-Gbagbo. L`opération ne semblait pas pour l`heure avoir fait bouger les lignes, et Abobo demeurait un nid d`insurgés. Aucun bilan global n`a été fourni mais il atteint au moins une dizaine de morts, selon des constatations de journalistes de l`AFP et de témoins. Aucun tir d`arme lourde n`a été rapporté depuis samedi soir.
La vie reprenait progressivement, les commerces avaient rouvert, les minibus circulaient, des habitants se rendaient à l`église. Mais dans certains secteurs la tension restait palpable, et des habitants préféraient faire leurs valises. Quartier le plus peuplé d`Abidjan avec quelque 1,5 million d`habitants, Abobo est devenu l`épicentre de la crise post-électorale, qui a fait près de 400 morts dans le pays selon l`ONU. Le secrétaire général de l`Organisation internationale de la Francophonie (OIF), Abdou Diouf, a appelé le Conseil de sécurité de l`ONU à "prendre ses responsabilités", évoquant l`option d`une "opération militaire". "Il ne faut pas qu`on laisse s`installer cette guerre civile, a-t-ilalerté. Elle commence".
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