
Après s’être présenté comme le candidat de la rupture avec les pratiques autoritaires des années Compaoré, Roch Marc Christian Kaboré entend sortir le Burkina du cycle infernal dans lequel il végète depuis maintenant deux ans. Et il lui faudra un tempérament de roc pour y parvenir.
C’est un « coup Ko », pour reprendre le slogan au premier tour de cette présidentielle du Mouvement du peuple pour le progrès. Roch Marc Christian Kaboré n’a laissé aucune chance à ses treize adversaires. Avec 53, 5% des voix, il a remporté haut la main la présidentielle burkinabé au soir du dimanche 29 novembre dernier. Et a battu dès le premier tour, son adversaire le plus sérieux, Zéphirin Diabré, qui n’a obtenu que 29, 65% des voix, qui a reconnu sa défaite à l’annonce des résultats le 30 novembre 2015 par la Commission électorale indépendante.
Près d’un an après la chute de Blaise Compaoré et le putsch avorté du Général Gilbert Diendéré, le Burkina Faso a tenu des élections démocratiques. Marc Christian Kaboré, 58 ans, devient ainsi le nouveau « Roch » du Burkina. Celui qui fut le bras droit de Compaoré avant de passer dans l’opposition veut aujourd’hui rompre avec le « compaorisme ».
Fils de l’ancien ministre Charles Bila Kaboré, Roch Marc Christian, est aujourd’hui marié et père de trois enfants. Son père a été ministre sous la première république, d’octobre 1963 à décembre 1965, avant d’être nommé en 1975, vice gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao). En 1982, il reprend une place de conseiller technique puis de secrétaire général à la présidence burkinabè jusqu’à sa retraite en 1985.
Fils de bonne famille, issu de l’ethnie majoritaire au Burkina, les Mossi, Roch Marc est un économiste de formation. Après avoir décroché le bac au lycée catholique Saint-Jean-Baptiste-de-la-Salle, le jeune homme, ancien scout, suit des études en Sciences économiques à l’Université de Dijon en France. En 1979, il décroche sa Maîtrise en sciences économiques, puis son Diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS) en gestion en 1980.
Comme tout jeune étudiant noir à l’époque, Kaboré commence à fréquenter les associations de gauche à la fin des années 1970. Il est séduit par le marxisme et milite à la Fédération des étudiants d’Afrique noire en France. A son retour au Burkina, il intègre l’Union de lutte communiste reconstruite (Ulc-R), un mouvement ressuscité à la faveur du coup d’Etat de Thomas Sankara et de Blaise Compaoré en 1983. Membre anonyme du bureau politique, sa carrière prend un envol à 27 ans, lorsqu’il est nommé Directeur général de la Banque internationale du Burkina.
Après l’assassinat de Thomas Sankara et l’arrivée au pouvoir de Blaise Compaoré en 1987, Roch Marc opère une première volte-face. Les cadres de l’ULC-R sont poursuivis par le nouveau régime. Roch Marc Christian Kaboré et deux autres membres du bureau politique de l’ULC-R se rallient à Blaise Compaoré, saluant sa « rectification de la révolution ». Compaoré qui veut s’entourer de cadres moins dogmatiques va s’appuyer sur Roch Marc, qu’il bombarde ministre des Transports et de la Communication en 1989. Pendant cinq années, il cumule les fonctions ministérielles avant d’accéder, en 1994, au poste de Premier ministre. Deux ans plus tard, il quitte ce poste pour celui de Conseiller spécial à la Présidence. Après la réélection de Compaoré en 1997, il est désigné Premier vice-président puis de 2002 à 2012, président de l’Assemblée nationale. Dans la même période, il prend la tête du parti présidentiel, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP). Et est alors considéré comme le dauphin de Blaise Compaoré.
En dépit de toutes ces fonctions qui le placent au cœur du pouvoir de décision, ses relations avec Blaise ne sont pas des meilleures. Au sein du Cpd et de l’armée, Kaboré est critiqué. On le juge, trop mou et trop laxiste. Le parti est alors remodelé autour des hommes de confiance. Le vote de l’article 37 de la constitution, qui interdit au président de se présenter en 2015, les oppose. Roch Marc Christian Kaboré bascule définitivement dans l’opposition. Il fonde le MPP en janvier 2014 et devient le plus farouche opposant de Compaoré. La suite, on la connait. Près d’un an après, il est élu démocratiquement à la tête du Burkina. L’histoire de Kaboré s’écrit dans l’ombre de Compaoré. Comme un air de déjà vu ! Suivez mon regard.
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